Où va l’Europe ?

Étrange accord signé cette semaine entre la Turquie et les vingt-huit membres de l’Union Européenne pour espérer régler la crise liée à l’arrivée de milliers de réfugiés. La Turquie bloquera donc le flux, soulageant ainsi la Grèce en premier lieu et le reste de l’Europe ensuite. Nous serons peut-être soulagés ; mais rien n’est garanti. Il est fort possible que très vite d’autres routes, plus au nord, s’ouvrent pour les migrants. Et puis quel sera l’avenir pour ceux bloqués dans les camps turcs ? Nul ne le sait exactement.

La seule réponse qu’a su trouver l’Europe face à ce problème sans précédent est donc une piètre négociation avec la république de Turquie et son leader Recep Tayyip Erdoğan. On versera quelques milliards d’euros et l’on a promis d’avancer sur le dossier de l’entrée de la Turquie dans l’UE. On a est là. L’afflux massif de réfugiés sur nos côtes puis dans nos terres, dont nous sommes en grande partie responsables après nos diverses interventions ratées en Irak, Syrie, Lybie et ailleurs et la montée en puissance en parallèle de l’Etat Islamique, a créé une crise politique interne et a révélé le piteux état de la construction européenne. De mon point de vue, la crise des migrants, comme on aime à l’appeler, démontre de façon simple et claire que l’Union Européenne n’existe plus, si tant est qu’elle ait un jour réellement existé. Et à cela s’ajoute la question du Brexit, la montée du nationalisme, et un rejet des instances de Bruxelles.

L’UE n’est désormais qu’une somme d’états où chacun regarde d’abord son propre intérêt. L’économie et les crises financières passées nous l’ont déjà prouvé à maintes reprises. Je pense même que l’Europe, où l’idéal que visait ses pères fondateurs, est moribonde, voir morte. Rien de moins. Il n’y aura pas d’Union sans un gouvernement fédéral, sans une armée et une politique de défense partagée, sans des règles identiques pour tous et sans un esprit Européen attaché à une vision, à un projet. Il n’y a aura pas d’Europe sans un porteur charismatique et fédérateur. Enfin, il n’y aura pas d’Union à 28, voire plus. C’est purement utopique. L’erreur fût sans doute de s’agrandir trop vite même si la chute de l’empire soviétique nous a forcé à faire des choix rapides.

Alors que faire ? Tout sauf baisser les bras car l’Europe est une belle idée qu’il faut préserver et faire vivre. Il faut se lever et agir.  Il faut donc avoir le courage d’affronter la réalité, avoir la force de proposer un autre projet aux contours plus réduits mais avec des objectifs ambitieux. C’est seulement ensemble que nous franchirons les caps, que nous pourrons répondre aux immenses défis qui nous attendent. Dispersés nous échouerons et l’avenir sera alors bien sombres. De cela je ne veux pas. Et je ne veux pas un jour avoir à dire à mon fils : « Nous savions mais nous n’avons rien fait. Nous sommes restés les bras croisés à attendre un miracle improbable ».

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