Changement de cap

Emmanuel Macron prend ses fonctions de Président aujourd’hui, après une victoire nette dimanche dernier. J’y croyais, bien sûr, mais je suis resté anxieux jusqu’à la dernière minute.
Il s’agit d’un tournant pour la France, d’un véritable changement de cap que s’apprête à prendre le pays, à un moment où le triomphe du populisme et du nationalisme semblait incoercible. La France restera éternellement surprenante.
Nous venons non seulement d’élire le plus jeune Président de la Vème république (39 ans), mais nous avons aussi choisi un chef qui regarde résolument vers le futur et non le passé. C’est une chance pour mon pays d’avoir un Président conscient du monde qui nous entoure et de ses mutations rapides et prêt à mettre en place les réformes qui pourraient replacer la France dans le peloton de tête. Nous avons décroché dans de nombreux secteurs depuis un quart de siècle – mon métier de physicien me donne un point d’observation privilégié et je dois avouer que le déclin s’accélère – faute d’avoir su s’adapter aux changements et coupable de regarder sans cesse dans le rétroviseur. Pour moi, c’est maintenant ou plus jamais ; dans une décennie l’écart avec les pays les plus dynamiques ne pourra plus être comblé (dans son dernier ouvrage, J. Attali fixe le point de non retour à 2025).

L’élection d’E. Macron est aussi une chance pour l’Europe, à l’heure du Brexit. Oui, nous sommes plus fort tous ensemble. Oui, nous avons les moyens d’imposer au monde notre point de vue en ce qui concerne la protection des individus, l’écologie, la réglementation de l’économie et de la finance. Mais il faut en avoir envie et s’en donner les moyens. Je crois en un nouvel élan avec la formation d’un couple franco-allemand fort sur lequel pourront s’appuyer les autres pays. Nous devons prouver, en particulier à D. Trump et à V. Poutine, que l’Europe n’est pas à la veille d’exploser – leur rêve – mais de renaître, plus unie, plus forte.

Enfin, l’élection d’E.M. c’est le triomphe d’un modèle que je défends depuis plus de dix ans, depuis mon adhésion à l’UDF en 2006 : dépassement du clivage gauche / droite (périmé à l’heure de la globalisation et de la digitalisation), rapprochement de la société civile avec le monde politique, association du domaine publique avec le domaine privé, ouverture vers le reste du monde, acceptation de la mondialisation.

Il ne reste plus qu’une seule étape à franchir pour véritablement passer à autre chose et rattraper le temps perdu. Et cette étape n’est pas la moindre : il faut à E.M. une majorité parlementaire, absolue si possible, pour mettre en oeuvre sa vision. Dans cinq semaines les français décideront. Vont-ils oser aller jusqu’au bout ? Je l’espère.

3 commentaires

  1. Des ratés dans l’Emmanuel – Macron Drive pour la France :

    L’ouverture aux compétences de la Société Civile dans la formation du nouveau gouvernement rencontre visiblement des limites qui la ramènent visiblement plus au status de Gadget qu’ au départ pour une vraie refondation de l’action politique. Je n’en veux pour seul exemple le fait qu’il vaut mieux avoir récolté une médaille aux JO d’escrime qu’une médaille Field de mathématiques pour devenir ministre de son domaine !!
    Une médaille qui signe la mise à disposition pour toute l’humanité d’une vérité arrachée de haute lutte aux arcanes des nécesités logiques vaut infiniment moins qu’une médaille de jeux du cirque sans aucun intérêt autre que le plaisir de la victoire sur un adversaire d’un individu.

    J’avais entendu le prix Nobel de biologiste François Jacob parler du rapport de de Gaulle à la Science en terme élogieux. Ii semble patent que nous ne prenons pas aujourd’hui un cap de départ de la même envergure.

    Les esprits chagrins verront peut-être dans cette triste histoire le fait que la soif de reconnaissance médiatique de monsieur Villani n’aboutit finalement, par les comparaisons qu’elle suscite, qu’à humilier un peu plus ceux qui l’ont investi d’une reconnaissance pas forcément destinée à être monnayée.

  2. J’aurais pu imaginer Cédric Villani aux commandes du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. J’ai plus de mal à le voir dans la peau d’un député. Sa seule volonté est peut-être de soutenir et d’aider le gouvernement d’E.M.
    Il joue gros sur ce coup là. On ne lui fera pas de cadeau.
    J’ai une très grande estime pour Mr Villani que j’ai rencontré à deux reprises. C’est l’un des grands génies français de la période contemporaine. Il n’y en aura plus beaucoup après lui car la recherche française est en chute libre depuis plusieurs années et d’autres pays vont occuper (occupent déjà) le devant de la scène car ils ont parfaitement compris les enjeux. J’espère juste que Cédric sera aussi brillant en politique qu’en Sciences.

    1. Dans son habit de député Cédric Villani aura en cas d’élection, à représenter une circonscription ayant une grande densité d’écoles et d’institutions scientifiques.

      Cédric a une approche des plus bienveillantes en ce qui concerne les situations paradoxales que l’on rencontre en mathématiques. Il a, d’ailleurs, emprunté comme citation à un de ses exposés Bourbaki (sur les travaux de Lellis et Székelyhidi) cette phrase de F. Brown :

      “Vous, les normaux, dès qu’on vous met devant la moindre des choses sortant de l’ordinaire, vous vous mettez à poser des questions. . . ”

      Dans cet exposé, Cédric est très intrigué par l’existence et la signification de solutions des plus exotiques aux équations aux dérivées partielles classiques de la physique des fluides qui comme il l’écrit, suscitent :

       » l’ étonnement, l’effroi ou le mépris. »

      En particulier l’apparition ex nihilo d’énergie dans ces solutions choque les bien-pensants qui traversent toujours aux passages cloutés (L’E.M – Drive spatial n’est pas loin…).

      Dans le domaine de la mécanique des fluides, le théorème Scheffer-Shnirelman affirme en toute rigueur qu’un fluide (non visqueux, incompressible) peut brusquement décider de s’agiter frénétiquement, sans qu’aucune force extérieure ne lui ait été appliquée. En fait, cet énoncé est d’autant plus troublant qu’il ne repose même pas sur l’emploi de l’axiome du choix.

      Ces équations classiques de la mécanique des fluides dont nul jusqu’à il y a peu ne soupçonnait l’existence de solutions irréalistes, n’intègrent pas explicitement en leur sein la notion de conservation de l’énergie et il n’est pas du tout certain d’après Cédric, qu’imposer manu militari cette conservation serait suffisant pour sélectionner des solutions physiquement réalistes.

      Il faut donc prendre la mesure de notre ignorance dans le domaine de la mécanique des fluides.

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