Inspiration 4

SpaceX vient de mener le premier vol habité privé. Quatre personnes (deux femmes et deux hommes) ont fait plusieurs fois le tour de notre planète en orbite basse à bord de la capsule Crew Dragon pour quelques dizaines de millions de dollars. Le vol a duré trois jours et s’est terminé par un amerrissage au voisinage des côtes de la Floride. Après Virgin Galactic et Blue Origin, SpaceX nous projette à son tour dans l’ère du tourisme spatial.

La mission Inspiration 4 me laisse perplexe. Voire même dubitatif. Quel est le but d’un tel voyage ? Quelles valeurs y associer ? S’il s’agit juste de constater la rotondité de la Terre, pas besoin de prendre une fusée. On peut regarder des photographies prises depuis l’espace, prendre l’avion, regarder l’océan à l’horizon… Faire l’expérience d’un long vol en microgravité ? Frimer ? Gagner de l’argent ? J’avoue ne pas vraiment comprendre. Je ne parle même pas de la pollution engendrée, de l’impact climatique, des ressources gaspillées. Si ce genre de tourisme venait à croître à l’avenir, les conséquences globales sur l’environnement pourraient être désastreuses. Je pense qu’il y a aujourd’hui des enjeux bien plus importants que le développement du tourisme spatial.

J’ai toujours, depuis ma plus petite enfance, était fasciné par la conquête de l’espace, par l’Univers et ses mystères. J’en est même finalement fait mon métier. Mais je milite pour une vision scientifique et non ludique. C’est l’exploration du système solaire qu’il faut mettre en avant, non le divertissement d’une certaine élite.

Congrès MPCS-5

Affiche du congrès MicroPropulsion & CubeSats 5.

J’ai organisé et supervisé, avec mes collègues et amis L. Garrigues du LAPLACE et A. Rossi du CNES, la 5ème édition du congrès MicroPropulsion & CubeSats (MPCS) la semaine dernière : MPCS-5. Après Bari, Singapour, Washington et Pékin, le congrès était cette année organisé depuis Toulouse et non, hélas, à Toulouse. En effet, à cause de la pandémie de COVID-19 et de la situation sanitaire mondiale, il nous a semblait plus raisonnable de réaliser l’édition 2021 en mode virtuel, même si ce type d’événements freine les échanges et abolit l’aspect social et la convivialité, si précieux aux yeux des chercheurs, quel que soit la discipline.
Le congrès, dont la taille est limitée depuis sa création afin de garder une atmosphère amicale, a cette fois-ci rassemblé 80 participants provenant de 20 pays. Nous avions programmé 30 conférences, 8 conférences invitées (CNES, ESA, Exotrail, ThrustMe, Comat, Gama, ienai Space) et 2 tables rondes, l’une centrée sur la science et l’autre sur les technologies et les perspectives. Une fois encore l’événement a répondu aux attentes, avec la présentation de nouveaux résultats et de nouveaux systèmes propulsifs, avec des conférences de grande qualité, avec des échanges nombreux et riches, et des discussions animées et passionnées. Un grand merci à tous pour votre participation et votre enthousiasma. Rendez-vous en 2023 pour la 6ème édition.

Randonnée avec Rimbaud

Sentier dans la forêt Limousine. Monts de Blond, non loin du Rocher de l’Amour.

Randonnée hier dans les monts du Limousin. 49 kilomètres parcours en 10 heures avec un temps relativement maussade sans jamais apercevoir un petit coin de ciel bleu. On a évité la pluie, c’est déjà ça. Le ciel est resté gris toute la journée et la température n’a jamais dépassé 17°C. C’est la première fois que je portais une veste lors d’une marche en plein mois d’août. Etrange météo.

Mais peu importe, c’était bien, comme toujours. De jolis paysages, très différents de ceux vus en Espagne le mois dernier, de l’effort physique et du temps pour la réflexion. J’ai aussi un peu discuté de tout et de rien avec les personnes croisées, beaucoup plus nombreuses qu’à l’accoutumé. Le vert fait du bien après des mois de crise sanitaire et de restrictions dans un monde qui va de mal en pis.

J’avais emporté «  Un été avec Rimbaud  » de Sylvain Tesson. J’ai lu plusieurs pages au fil de mes pas. j’ai ainsi découvert de magnifiques vers écrit par l’auteur du « Bateau ivre », beau jeune homme hors norme à la vie courte (décédé à 37 ans) mais intense qui lui aussi aimait marcher pendant des heures, pour s’évader d’un monde trop étroit et jouer avec les mots et les émotions.

Mont Peñalara

Sommets au voisinage du mont Peñalara.

Réveil matinal hier pour partir randonner dans le massif montagneux de la sierra de Guadarrama au nord de Madrid. Magnifique journée avec une météo parfaite. Nous avons parcouru une boucle de 21 km à travers de superbes paysages que je n’imaginais pas à quelques dizaines de kilomètres de la capitale espagnole. Nous avons gravi le Peñalara, le plus haut sommet de la chaine qui culmine à 2430 m. Nous avons même pu accéder à la dernière petite plaque de neige coincée au pied d’une abrupte falaise. Ce sera ma dernière randonnée M pour cette année ; je suis ravi d’avoir terminé la série de cette façon. Un grand merci à tous les jeunes doctorants qui m’ont accompagné. On a passé un beau moment ensemble. A refaire l’année prochaine.

Casa de Campo

19. 21. 11. 18. 24. 21. Ces six nombres correspondent à des kilomètres. Il s’agit des distances que j’ai parcourues ces dernières semaines lors de randonnées dans les environs de Madrid, principalement dans le parc Casa de Campo. Il s’agit d’un parc, ou plutôt d’une forêt, de plus de 1700 hectares culminant à 730 m situé la partie ouest de la ville.

Le parc est très vallonné. A chaque sortie le dénivelé moyen affronté était autour de 1 km en valeur absolue. A cela il faut ajouter la chaleur avec des températures oscillants entre 30 et 35 degrés. J’en ai bien profité après 18 mois étranges avec peu de sorties, peu d’activités et 3 trois confinements coincé dans ma maison et mon jardin. Si la météo le permet on va grimper à 2500 m la semaine prochaine. J’ai hâte d’atteindre le sommet.

O2

Le symbole de la molécule d’oxygène. On la qualifie de molécule diatomique homonucléaire car elle est composée de deux atomes identiques. Il en va de même pour l’hydrogène (H2), l’azote (N2), le dichlore (Cl2), le diiode (I2)…

C’est aussi le titre d’un film de science fiction sortit au mois d’avril sur la chaine Netflix.
Une jeune femme se réveille Elle est enfermée seule dans un caisson cryogénique de la taille d’un grand cercueil. Elle ne se rappelle plus de rien. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle prisonnière de cette boite ? Le temps presse pour répondre à ces questions et reconstituer le parcours car l’oxygène commence à se raréfier.

Je viens de le regarder. Certes, la première demi-heure s’écoule lentement. Elle est un peu assomante et je comprends que l’on puisse abondonner. Mais l’histoire doit se mettre en place. Ensuite on se laisse porter. Nous aussi on ve comprendre, on veut savoir. J’ai bien aimé. J’avais imaginé plusieurs scénari, plusieurs explications. Mais j’ai visé à côté. Belle surprise. Belle construction.
Mélanie Laurent est seule face à la caméra, ou presque, tout au long du film. Belle performance d’actrice. J’ai lu beaucoup de critiques négatives dans la presse et sur Internet. Je ne les comprend pas et je ne suis pas d’accord. Elle est juste dans son jeu. On y croit.
L’histoire est crédible, ce qui est rare dans le domaine de la SF, et surprenante. Regardez ce film. Vous jugerez.

CNRS dans Maddyness

Le CNRS s’est associé à Maddyness, le magazine des Startups Françaises, pour une mini série sur les liens étroits entre le CNRS, ses chercheurs et les startups de la DeepTech. La série est en accès libre sur la chaine MaddyPlay.

L’épisode 4 de la série, intitulé Startups et laboratoires, des liens privilégiés, concerne plus particulièrement mon laboratoire et mon équipe. Jean-Luc Maria, le CTO de la startup française Exotrail qui travaille dans le domaine de la micropropulsion et des microsatellites, y décrit intelligemment les relations fortes entre Exotrail et ICARE qui ont donné naissance il y a un peu plus de deux ans à la création du laboratoire commun ORACLE que je dirige. Les liens et les intérêts communs entre la recherche fondamentale, les applications, les entreprises et le marché sont expliqués de façon claire et pertinente. A voir pour tous ceux qui hésitent encore à franchir le pas. Le CNRS, nos entreprises et la France ont tout à gagner d’un rapprochement appuyé et serein entre les chercheurs et les entrepreneurs dans un monde ou la compétition est féroce, les défis sont extrêmes et les possibilités infinies.

Je conseille aussi l’épisode 3 qui traite de la place des Femmes dans la deeptech et dans les Science en général, un sujet encore trop négligé. Il est vrai que dans certains domaines, dont celui de la Physique, les femmes sont sous représentées. C’est à la fois triste et dommageable car elles apportent une vision et une approche différentes. Les femmes ont toute leur place dans nos disciplines. Il faut que les choses changent. Cela passe par la communication, l’information mais aussi et surtout par l’éducation. Il faut changer les regards et les postures, au grand bénéfice de tous. Dans cet épisode, on peut notamment écouter Martina Knoop, Directrice de Recherche au laboratoire PIIM à Marseille et directrice de la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires du CNRS et Ane Aanesland, CEO de la startup ThrustMe et ancienne chercheure au CNRS. J’ai eu la chance et le plaisir de côtoyer ces deux femmes au parcours exemplaire.

L’intégralité de la série est aussi disponible sur la chaine YouTube du CNRS.

Confinement n°3

J’écrivais il y a quinze jours un court article sur la pandémie de Covid-19 et l’année écoulée. Je ne me doutais pas qu’un troisième confinement approchait. Je n’y croyais pas en fait. Je pensais que la stratégie de notre gouvernement allait fonctionner. Mais hélas il n’en est rien. Les chiffres s’emballent. Les hôpitaux sont au bord de la saturation avec des personnels fatigués et las. Nous n’avons pas le choix. Alors les écoles seront fermées, de nombreux commerces aussi, la part de télétravail augmenté. Les semaines à venir vont être compliquées, chamboulées. Les travaux de recherche de mon équipe vont être impactés. Malgré des restrictions, on avait repris un rythme de croisière depuis septembre. L’impact du premier confinement était ainsi limité. Là, nous allons faire un bond d’un an en arrière. Je pense aussi à mes étudiants qui subissent les cours en ligne depuis une année, qui ne trouve pas de stage et qui vont entrer sur un marché du travail dégradé. Sale temps.

1 an

Une année déjà que nos vies sont rythmées par l’épidémie de SARS-CoV-2 ou COVID-19. Le temps passe. Mi-Mars 2020. Le premier confinement allait débuter. Expérience nouvelle. Deux mois au ralenti, couper physiquement du Monde. Plus de trois mois dans notre maison, n’ayant réintégré le laboratoire qu’à partir de la mi-juin. Un léger vent de liberté en été, la famille et quelques amis retrouvés, mais la pause aura finalement été de courte durée. Le deuxième confinement aura débuté alors que j’étais en vacances avec mon fils en Limousin. Puis ce dernier fût remplacé par le couvre feu qui est toujours d’actualité malgré l’arrivée des vaccins en début d’année. Certains ont cru naïvement, d’autres ont fait croire, que tout allait être réglé en quelques semaines ou quelques mois. Il n’en est rien car le défi est gigantesque, du jamais vu en fait. On peut espérer une situation moins tendue cet été puis la fermeture (provisoire ?) de la parenthèse en fin d’année. Le gouvernement fait tout ce qu’il peut avec les informations dont il dispose. Je ne les blame nullement ; ils « font le job », plutôt bien. Les autres pays ne font pas mieux. Reste le cas de la Chine. Mystère sur lequel il faudra un jour faire toute la lumière.

Et après ? Le monde aura changé, la société se sera transformée à n’en pas douter. Celle-ci sera plus numérique, plus surveillée encore avec moins de mouvements. L’épidémie n’aura finalement qu’accéléré la transformation et la transition. Tout c’est fait plus vite, peut-être trop vite. Cette nouvelle société sera-t-elle meilleure, plus juste, moins violente, capable de résoudre les grands défis qui pointent à l’horizon ? Rien n’est impossible. Mais je suis perplexe.

Vide

Je passe plusieurs jours par semaine à Paris depuis le début de l’année. Je m’y rends afin de donner des cours de propulsion spatiale à plasma à des étudiants en fin de Master. J’enseigne cette discipline depuis de nombreuses années dans divers établissements. A cause de la situation sanitaire actuelle, une grande partie de mes cours sont regroupés cette année au mois de janvier. D’où tous ces aller-retours.

Je constate que les parkings sont vides. Que les gares sont vides. Que les wagons sont déserts. Qu’il n’y a presque personne sur les quais du RER. La France fonctionne au ralenti. J’en ai la preuve chaque semaine. La situation s’est encore dégradée avec le couvre-feu généralisé de 6 à 18 heures. On voyage moins, on bouge moins, on travaille moins, on s’amuse moins, on se cultive moins. Je m’interroge alors. Pense-t-on moins ? Rêve-t-on moins ?

Un an bientôt que la crise sanitaire du CoViD a débuté en Europe. Qui aurait deviné et pronostiqué un tel ralentissement généralisé aux conséquences multiples ? Il y a désormais des vaccins. Tant mieux, on peut envisager un dégagement de l’horizon dans les mois à venir. La fin de la pandémie est peut-être pour cet été, ou, plus probablement, pour la fin de l’année 2021 (mais pas la fin des problèmes, loin de là). Il faut à ce stade espérer que les vaccins soient efficaces contre toutes les variantes de ce coronavirus et qu’ils procurent une longue période d’immunité car il semble impensable aujourd’hui de proposer une vaccination à très grande échelle chaque année. Il faut garder à l’esprit que vacciner 60 millions de personnes en six mois nécessite 10 millions de vaccination par mois soit 2,5 millions par semaine ou 357000 par jour. Les chiffres parlent d’eux même. Ramené à une année, on atteint tout de même 179000 vaccinations quotidiennes. On imagine l’organisation, les infrastructures et la logistique à mettre en œuvre. Et je ne parle pas du coût.

En rapport direct avec l’épisode actuel de crise, je vous recommande les lectures suivantes qui ont été écrites et publiées avant le début de tout ça :

Au-delà de l’horizon, recueil de nouvelles de Franck Thilliez, en particulier les deux nouvelles Au-delà de l’horizon et Le grand voyage.

Virus, Tome 1 Incubation ; bande dessinée de Sylvain Almeida et Rica.

PS 1 : mes fréquents déplacement me permettent de constater in vivo que finalement, et quoi qu’on dise, les citoyens français sont disciplinés et suivent les règles et les consignes malgré une certaine lassitude et de la souffrance.

PS 2 : aucun trains, au moins sur la ligne Orléans – Paris, n’a été supprimés malgré le couvre feu alors que les wagons sont vides donc les trains très loin d’être rentables. La situation serait elle la même si la SNCF était une entreprise privée ? On peut critiquer le service publique, qui certes ne fonctionne pas à la perfection, mais il faut se battre pour qu’il ne disparaisse pas. Qui veut une santé privée ? Une école et un enseignements supérieur privés ? Une recherche privée ? Une police privée ?