VP n’a pas l’intension d’arrêter

Vladimir Poutine ne lâchera rien. Il veut reconstruire l’empire et poursuivre la guerre comme il le fait depuis qu’il a pris le pouvoir en Russie. Il en a besoin pour se maintenir au pouvoir et aveugler le peuple. En ce qui concerne l’Ukraine, comment pourrait-il justifier un arrêt, voire un retrait des troupes. Une défaite à ses yeux et aux yeux des patriotes qui le suivent et le soutiennent. La guerre durera, longtemps. Donald Trump n’y changera rien d’autant plus que la Chine aide la Russie. Je me demande à quel point le président Trump pensait pouvoir mettre un terme à ce conflit en quelques jours ? Croyait-il vraiment que la rencontre à Anchorage en Alaska allait modifier la vision du leader russe ? Je pense qu’il est suffisamment ignorant, inculte et imbu de lui-même pour y avoir cru. C’est hélas VP qui a su tirer profit de cette visite d’état. Je crois aussi qu’il a plus été question de l’océan arctique et de ses ressources potentielles que de la guerre en Ukraine. Une affaire de business et de deals.

Tout cela m’amène à être plutôt pessimiste. Le conflit va durer avec le risque que les Etats-Unis se lassent et nous laissent seuls régler ce problème, qui vu de l’autre côté de l’Atlantique les concerne peu. L’Europe doit donc se préparer et renforcer sa défense. L’état d’esprit doit changer, d’autant plus vite que l’attaque Russe d’hier sur le sol polonais est un avertissement. Le temps presse de montrer les dents.

PEH en tir avec de l’eau

Voici la photographie du propulseur ISCT200 de 200 W en tir avec de la vapeur d’eau à 250 V de tension de décharge. La photographie a été prise il y a quelques jours par F. Perini dans le cadre de sa thèse de doctorat. Ces travaux s’inscrivent dans le nos recherches sur l’emploi de l’eau comme ergol en propulsion électrique dont j’ai parlé sur ce blog en novembre 2024 (voir l’article). Nous étudions actuellement les propriétés de la décharge plasma magnétisée en H2O à l’aide de diagnostics optiques et laser dans le but d’accroître la production d’ions et de limiter la dissociation des molécules d’eau qui a pour conséquence de dégrader le rendement propulsif.

Spectre de l’atome d’iode

La figure ci-dessus montre le spectre de l’atome d’iode mesuré par spectroscopie de fluorescence induite par laser à 804.37 nm (air) dans une décharge radiofréquence capacitive. La fluorescence est capturée à 911 nm. Ce spectre a été obtenu il y a quelques jours par A. Marianacci, un des doctorants de mon équipe. C’est la première fois que cette transition est  » vue  » par spectroscopie de FIL. Ces expériences sont réalisées dans le cadre du projet HE BOOST. Il s’agit de préparer des études à venir sur la décharge et la plume d’une cathode RF. Ces résultats vont être présentés à la conférence LAPD 21 en Suisse et au congrès IEPC 2025 à Londres en septembre.
Les travaux vont se poursuivent avec l’étude de la structure hyperfine de la transition à 804 nm et la spectroscopie de FIL sur l’ion I+.

Séminaire EPT

Je rentre de Madrid où j’ai participé à la première édition du séminaire international « Electrode-Less Plasma Thrusters » organisé par mon collègue Mario Merino de l’Université Carlos III. Le séminaire a regroupé une quarantaine de chercheurs venus de toute l’Europe et même de plus loin. Les deux jours ont été ensoleillés, très amicaux et intenses car il y avait de nombreux points à partager et à débattre sur une thématique en plein essor, en particulier à cause des travaux sur les ergols moléculaires, où tout, ou presque, reste à faire.
J’ai présenté les résultats d’études par spectroscopie de fluorescence induite par laser sur l’écoulement des ions obtenus dans la tuyère magnétique d’un propulseur RF et d’un propulseur ECR à Madrid (Chaire d’Excellence) et dans l’arche magnétique d’un propulseur ECR double à ICARE (séjour de C. Boyé).
Cette première édition du séminaire EPT est à mes yeux un succès. J’attends avec impatience la seconde édition.

La guerre d’après

 » La guerre d’après  » est le titre du dernier ouvrage paru de Carlo Masala. Je l’ai lu d’une traite hier. Dans ces 160 pages, l’auteur décrit l’un des innombrables scénarios possibles de l’après-guerre en Ukraine. On pourrait sourire et n’y voir que de la fiction. Mais l’auteur est un spécialiste des relations internationales. Cette information en tête, on rit moins. Le scénario est hélas fortement réaliste.

Comme l’auteur je pense que la Russie ne s’arrêtera pas à quelques centaines de kilomètres carrés de territoires conquis en Ukraine. L’objectif de V. Poutine est clair, il ne l’a d’ailleurs jamais caché : recréer l’URSS et changer l’ordre mondial, au profit de la mère patrie, et de la Chine. On doit se préparer au pire sans croire qu’un accord de paix ou qu’un quelconque accord de cesser le feu signera la fin de la partie et garantira des décennies de paix. Sans une prise de conscience des dangers qui nous menacent, et surtout sans actions concrètes, nous et nos enfants paierons le prix fort.

Habemus Papam

Le Pape François est mort. Au Vatican le lundi de Pâques. Le Conclave s’est alors réuni afin d’élire son successeur. Un cardinal a été élu. Les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendaient le signal, fameuse fumée blanche annonçant l’élection d’un nouveau souverain pontife. La célèbre phrase latine a enfin été prononcée. « Habemus Papam ». « Nous avons un Pape ». Léon XIV est un jeune Pape de 69 ans né à Chicago. Un Pape américain comme un pied de nez à celui qui siège à la Maison Blanche. La disparition de François a été un choc dans un monde en proie à la violence, au désespoir et à la montée de tous les extrémismes. Je n’imaginais pas la ferveur qui allait s’emparer d’une partie de la planète à l’arrivée de ce nouveau Pape. Cela en dit long sur l’état du monde et la détresse des peuples.

Dans les années 90, alors que je terminais mes études en Sciences, j’imaginais volontiers la fin des Religions après celle de l’Histoire. A quoi bon faire appel à un Dieu ? A quoi bon faire confiance à des textes vieux de plusieurs siècles à l’image du niveau de savoir de l’époque ? Tout cet attirail désuet allait bientôt disparaitre au profit de la Science et du Savoir, seules vraies valeurs, seules véritables socles. Je dois bien avouer que je me suis totalement planté. Loin de s’évanouir, les religions, vraies comme fausses, bonnes ou mauvaises, sont revenues. Le 21ème siècle sera donc celui des Dieux et du chaos. La Science, bien que dominante et omniprésente, redeviendra invisible. Peut-être pour mieux servir ses créateurs ?

Lectures

Voilà un liste d’ouvrages parcourus au cours des quatre premier mois de l’année 2025, dans le désordre.

– Houris de Kamel Daoud,
– Lux de Maxime Chattam,
– Les effacés de Bernard Minier,
– L’ère de la supernova de Liu Cixin,
– Libre de Mike Horn,
– Le problème à trois corps de Liu Cixin,
– La femme de ménage de Freida McFadden,
– Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour,
– L’arche spatiale de Peter F. Hamilton,
– Initiation à la Physique Quantique de Valerio Scarani.

Houris a obtenu le prix Goncourt en novembre 2024. C’est amplement mérité étant donné le sujet, les mots, l’écriture. K. Daoud y parle, à travers la vie et les mots d’une jeune rescapée pleine de vie, de la guerre d’Algérie. Pas la première, pas la notre mais la leur, celle dont on ne parle pas, celle qui n’a pas eu lieu. A lire pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. J’ai découvert l’auteur de SF chinois Liu Cixin avec le problème à trois corps, après avoir regardé la série. Etonnant. J’ai relu l’ouvrage de V. Scarani durant ma convalescence. Je ne m’en lasse pas. L’une des meilleures introduction à la mécanique de l’infiniment petit qui soutient le monde d’aujourd’hui, mais qui le sait ?
M. Chattam bascule dans la SF avec « Lux » ce qui montre l’étendue de ses capacités romanesques. Ce livre permet de s’évader et propose en filigrane une réflexion sur le futur à moyen terme de notre civilisation.
Quant au livre de C. Sapin-Dufour, je le conseille vivement à tous ceux qui aiment les chiens. Bel ouvrage qui traduit si bien ce que des millions de personnes pensent et ressentent.

Reprise

J’aurais pu intituler cet texte « Retour ». Je viens de reprendre mes activités au laboratoire ICARE du CNRS après deux mois d’arrêt maladie. Je me suis malencontreusement fracturé sévèrement le plateau tibial (partie haute du tibia) en février dans les Pyrénées. Rapatriement sur Orléans puis opération au CHU avec pose d’une plaque et de plusieurs vis en titane. S’en est suivit une période d’immobilisation totale de la jambe sans autorisation de poser le pied à terre. Cette période fut longue et difficile à traverser quand on fonce tous les jours, quand on a la tête pleine d’idées et d’envies, quant on est libre. Je suis ravi qu’elle fasse désormais partie du passé. J’ai appris à me servir d’une chaise roulante pour avoir un minimum d’autonomie puis de béquilles avant finalement – depuis peu – que je puisse poser le pied, utiliser à nouveau ma jambe et marcher lentement et clopin-clopant. Quelle joie ce fut de pouvoir sortir à nouveau, se promener sur quelques centaines de mètres, croiser des gens et redevenir indépendant et utile un minimum. La fin de ce calvaire en miniature fera hélas un malheureux, notre chien Elvis, qui a pu passer deux mois à plein temps avec son maître.

Cette période a été propice à la réflexion, à la lecture et à la vision de quelques films que je gardais depuis longtemps dans un coin. Le soutien de mes amis et nos discussions m’ont aussi aider à traverser cette période sombre. J’ai travaillé aussi, tous les jours, garder le contact avec mon équipe et le laboratoire. Ecriture d’un article, de rapports, lecture d’articles et d’ouvrages scientifiques, préparation de nouveau projets et gestion à distance de la vie d’une unité et de la recherche en général. En regardant en arrière, je me dis que c’est une chance d’avoir eu cette possibilité, sinon fou je serai devenu à ne presque rien faire et à tourner en rond jours et nuit.

J’ai aussi regardé de mon canapé ou de mon lit le Monde vaciller et être secoué par les décisions incohérentes et souvent bêtes du 45ème et 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique et de sa troupe hétéroclite. On a pas fini de rire et de pleurer. En trois mois il aura démoli une partie de ce que les nations avaient mis des décennies à bâtir, il aura semé la pagaille, il aura installé le doute et renforcé la détestation des Etats-Unis. Sans oublier les décisions prises contre la lutte contre le réchauffement climatique, de quoi envoyer la planète entière vers le chaos plus vite alors que le temps nous manque déjà. Trump II semble en grande forme, ses sbires aussi. Il reste 1400 jours. Que ça va être long… Souhaitons que sous les coups bas, les coups sur la tête et les insultes, l’Europe s’émancipe et prenne enfin son envol.

Stand Up for Science

Stand Up for Science.

Il s’agit d’un mouvement de la communauté scientifique américaine en réponse aux lourdes menaces que fait peser l’administration de D. Trump sur la Science. Le mouvement a diffusé à travers la planète car les conséquences – désastreuses – ne se limiteront pas aux seuls Etats-Unis d’Amérique. Ainsi de nombreux mouvements seront organisés demain, vendredi 7 mars, en France à l’initiative des Universités et centres de recherche. Je me suis naturellement rallié au mouvement même si ma fracture du tibia m’empêchera de participer activement aux manifestations prévues.


L’heure est grave car le président Trump et ses sbires ont décidé de s’attaquer brutalement et avec force à la liberté académique des chercheurs, aux respect de leur travaux et découvertes, à la transmission des savoirs et connaissances et à la formation des générations futures. Pourquoi ? Pour ne pas être entraver dans leur démarche de destructions de l’état et de la démocratie, dans l’accaparement des richesses et dans la mise sous cloche des citoyens. Comme dans tous les états autoritaires et les dictatures, la vérité et la contradiction dérangent car elles contredisent le discours et la vision officielle. Les sciences du climat, les sciences humaines et la médecine sont particulièrement ciblées mais nul doute que le reste suivra selon les orientations et les besoins de la bande de voyous libertariens qui a pris, démocratiquement certes, le pouvoir en Amérique. L’Histoire se répète hélas. Mais aujourd’hui on connait le dessein final alors ne laissons rien passer, luttons pour la Liberté sous toutes ses formes.

Coût d’un lancement

Voici une figure que j’ai présenté à mes étudiants de Master pour la première fois au mois d’octobre dernier. Le graphique montre le coût en dollars de la mise en orbite basse d’un kilogramme de charge utile en fonction de l’année et du lanceur utilisé. La source principale des données est CSIS Aerospace Security Project, Payload Research estimates | 2022, 2024 (OurWorldInData.org) . On peut faire plusieurs commentaires. En faisant abstraction du lanceur lourd StarShip de Space X, le coût moyen du kg lancé avoisine les 10000 $. C’est la valeur communément mentionnée dans les ouvrages et les articles. On remarque le coût exorbitant d’un envoi avec la défunte navette spatiale américaine, environ 100000 $/kg. Le coût est plus élevé avec des petits, autour de 20-30 k$/kg. Le lanceur réutilisable Falcon 9 a fait chuter le coût à 2000 $/kg. Son grand frère Falcon Heavy fait même descendre le kg à 1000 $. Mais la cute la plus vertigineuse est générée par le lanceur StarShip avec un coût estimé autour de 200 $/kg.

La cible en vue est donc un prix du kg autour de 100 $, soit un gain d’un facteur 100 par rapport au coût standard. Une telle valeur conduirait à une révolution avec un accès à l’espace abordable pour tous. Une réelle économie de l’espace pourrait alors se développer, non seulement en orbite terrestre, mais aussi en orbite lunaire, sur le sol de la Lune, en orbite martienne et sur la surface de Mars. L’étude et l’exploitation des astéroïdes pourrait devenir une réalité, tout comme l’exploration à grande échelle de notre système solaire. Une nouvelle ère en fin de compte.
Un coût aussi bas aurait aussi un impact sur le type de propulsion employée sur les satellites, les sondes et les autres types de véhicules spatiaux. La propulsion électrique continuera d’équiper les petits véhicules mais la propulsion chimique, qui nécessite une plus grande masse de carburant, pourrait faire son retour pour les grands véhicules. Une combinaison PC/PE, que l’on appelle le mode hybride ou le mode dual, pourrait alors être la meilleure solution.