Il s’agit du titre du dernier livre de l’auteur algérien Boualem Sansal.
J’ai terminé la lecture de l’ouvrage il y a quelques semaines. Lisez-le à votre tour.
Sans doute le meilleur livre de l’année 2015. Sansal aurait largement mérité le prix Goncourt même s’il a obtenu d’autres prix prestigieux tel que le prix de l’Académie française.
2084. Vibrant hommage à 1984 de George Orwell naturellement.
Sansal traite de la dictature. Après une ultime guerre que l’on imagine nucléaire, il ne resterait plus que l’Abistan, vaste empire aux frontières inconnues qui doit son nom au prophète Abi, «délégué» sur Terre du dieu Yölah. J’ai trouvé le livre terrifiant, plus encore que 1984 ou Le meilleur des mondes d’Huxley. Car il n’y a pas d’échappatoire. On est soumis ou mort, sauf à être un membre de l’élite. Sansal démontre dans cet ouvrage admirable les mécanismes qui conduisent à la soumission des peuples : l’appauvrissement du langage et la modification de l’histoire, voire son effacement. Que pensez alors aujourd’hui de la dégradation du français, de l’anglais et de bien d’autres langues et de l’abrutissement en temps réel via les programmes télévisuels et Internet. La machine est-elle en marche ?
Il y a bien sûr un autre facteur clé dans le livre de Sansal : la religion, grande farce à mes yeux et prétexte à tous les abus. L’écrivain algérien s’inquiète, à juste titre, de la montée de l’islamisme et de la terreur qui lui est associé. Nul doute que les fous d’Allah ont inspiré l’auteur. Michel Houellebecq, auteur entre autres de Soumission dont j’ai parlé sur ce blog, s’est dit admiratif de l’oeuvre de Sansal et estime que le futur décrit dans 2084 est plausible. Je le crois aussi, sous la forme d’un extrémisme religieux décrite par Sansal, ou une autre, basée par exemple sur la technologie.