AA+. Et alors ?

Impossible d’y échapper sauf à être enfermé seul dans une pièce sans journaux, télévision, téléphone et Internet depuis quarante-huit heures.
J’ai appris la nouvelle vendredi soir en rentrant de Toulouse où je participais au jury d’une thèse de doctorat (en tant que rapporteur) sur l’optimisation du circuit magnétique des propulseurs à effet Hall.
Des bruits de couloir circulaient néanmoins depuis le début d’après midi, sans démenti de la part du gouvernement. Il était évident que le basculement était proche et inévitable.

L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a finalement dégradé la note de la France de AAA à AA+ avec une perspective négative. La France n’est pas le seul pays concerné par une détérioration de sa note ; huit autres pays ont vu leur note abaissée. L’Allemagne est désormais le seul pays de l’Union Européenne à garder un AAA avec une perspective stable. S&P est actuellement en train d’évaluer la notation du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) en avertissant qu’une dégradation est envisageable à cause de l’impact direct des notes des pays qui composent le Fond. L’Allemagne pourrait alors en faire les frais.

L’abaissement de notre note par S&P (les autres agences maintiennent le AAA) est à mes yeux logique. J’ai donné dans un billet précédent mon point de vue sur les agences de notation. Elles font leur travail d’évaluation pour les investisseurs (dont nous faisons partie au travers de nos assurances vie, PEA et autres). Je regrette simplement le poids qu’on leur donne ; il est exagéré.
Malgré les réels efforts entrepris par le gouvernement de Mr Sarkozy pour redresser les finances publique, la France paye finalement le prix d’un retard accumulé depuis presque quarante ans. Les efforts à réaliser pour stabiliser voir réduire l’endettement du pays et retrouver une certaine compétitivité économique sont immenses. S&P lance un avertissement : il faut aujourd’hui des réformes profondes même si elles sont impopulaires et dures à supporter sur le court terme. La France et les autres pays touchés sont également sanctionnés pour leur (non-) traitement du dossier de la Zone Euro et du problème Grec. Je ne m’étendrai pas sur ce point mais il est vrai que rien n’a réellement était fait malgré les réunions multipliées et les annonces très médiatisées.

Cette dégradation est donc un signal. Il n’y aura pas de conséquence à court terme sur, par exemple, les taux de nos obligations. La dégradation de la note avait été largement anticipée par les marchés ce qui explique que les places financières ne se soient pas effondrées vendredi. Le taux auquel la France emprunte n’est plus depuis longtemps celui d’un pays AAA. Seul l’Euro a – à juste titre – été impacté par l’annonce de S&P.
En réalité, le plus surprenant dans cette affaire, c’est le moment choisi par S&P pour dégrader la note de la France. On peut penser que S&P veut forcer les prétendants au poste de Président de la République à revoir leur copie et à faire des propositions réalistes capables de faire évoluer le pays dans le bon sens.
S&P révèle aussi – mais qui en doutait – l’écart réel entre l’Allemagne et la France. Pour bien connaître ces deux pays, j’avoue qu’aujourd’hui, faute de courage de la part de nos hommes politiques qui ont laissé le pays s’enfoncer dans un marasme, nous sommes loin derrière nos compagnons allemands.
Il reste maintenant à voir comment la droite et la gauche vont réagir à cet électrochoc. Le discours tenu hier matin par notre premier ministre était vide, sans intérêt. Les réactions de la gauche, du centre et des autres partis sont idiotes, partisanes et n’apportent rien. Le temps presse pourtant. A quand un vrai discours, avec des engagements forts et une véritable stratégie économique et sociale pour le quinquennat à venir ?

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