Archives de catégorie : Economie

Le serpent qui se mord la queue

F. Hollande a donc décidé de maintenir le cap fixé au moment de l’élection présidentielle en limitant le déficit public de la France à 3 pourcents du PIB pour l’année 2013. C’est un effort sans précédent dans l’histoire du pays qui est ainsi demandé aux citoyens et aux entreprises puisqu’il faudra trouver plus de 30 milliards d’euros. La répartition est grosso mode de un tiers, un tiers, un tiers entre l’augmentation de l’impôt sur le revenu, l’augmentation des taxes sur les entreprises et la réduction des dépenses dans les ministères.

C’est un défi très osé de garder le cap des 3 pourcents en pleine crise économique et financière – l’objectif final est d’atteindre l’équilibre budgétaire (0 % de déficit) en 2017, soit à la fin du mandat de l’actuel président – d’autant plus que le calcul de la somme a trouver a été fait sur une hypothèse très optimiste à mes yeux d’une croissance de 0,8 % l’année prochaine. Je m’attends plutôt à une croissance proche de zéro.
La rigueur imposée va en effet certainement entraîner une chute sans précédent de la production, de l’investissement, de la consommation et de la création de richesses, les ménages et les entreprises, du moins celles qui survivront, préférant économiser et attendre des jours meilleurs, en souhaitant qu’ils arrivent.
D’où l’image du serpent qui se mord la queue ; la rigueur risque avoir une effet contraire à celui escompté et creuser encore plus le déficit. Les conséquences risquent également d’être désastreuses pour le chômage, en particulier celui des jeunes, diplômés ou non. Que va-t-il se passer si les taux atteignent des valeurs records ? Je crains que le remède proposé n’en soit pas un, bien au contraire.
J’espère avoir tord.

Facebook au NASDAQ

L’événement du jour, ce n’est pas la rencontre entre F. Hollande avec son homologue américain en marge du G8, même si ce tête-à-tête est à saluer, mais l’entrée de Facebook en bourse à NewYork sur la plateforme boursière des nouvelles technologies, le NASDAQ*.
La jeune entreprise de M. Zuckerberg (l’idée lui est venue dans sa chambre d’étudiant de Harvard il y a huit ans) devrait être valorisée à hauteur de 100 milliards de dollars, un record. Cette somme représente cent fois les bénéfices de l’entreprise au 900 millions d’utilisateurs et environ vingt cinq fois son chiffre d’affaire. De plus les résultats de l’entreprise au premier semestre de cette année sont en baisse.
Comment cela est-il possible ? Pourquoi un tel chiffre ? Le modèle économique de Facebook est basé sur la publicité en ligne. Rien de bien nouveau si ce n’est que l’utilisation de plus en plus fréquente des mobiles à la place des ordinateurs rend la tâche plus difficile. Et puis il existe plusieurs moyens de se débarrasser des bandeaux publicitaires. Alors, assiste-t-on à la création du bulle spéculative qui nous explosera au nez dans quelques années ? Peut-être pas. Réfléchissez bien. Où se cache la vraie valeur dans Facebook ? Dans les informations privées auxquelles il est possible d’avoir accès. La vie, les habitudes, les goûts, les petits secrets de 900 millions d’individus. Facebook a fait mieux que la CIA et le KGB et sans contestation.
La valorisation en apparence démesurée de Facebook se comprend mieux quand on sait que la planète compte aujourd’hui 7 milliards d’individus. La marge potentielle est donc immense.

* Sigle de National Association of Securities Dealers Automated Quotations

Q-Cells plonge

L’entreprise Q-Cells, numéro un de la fabrication des cellules solaires en Allemagne, va prochainement déposer le bilan et laisser plus de 2000 salariés dans l’incertitude. Q-Cells n’est qu’un exemple parmi d’autres.  Le boom de l’énergie solaire est peut-être derrière nous en Europe. Les fabricants font faillite et disparaissent les uns après les autres. Les projets tombent à l’eau dans tous les pays. Aucun expert du « green business » n’avait vu venir cet effondrement, bien au contraire.
La faute à quoi ? A qui ?

L’arrêt des subventions des gouvernements pour l’énergie solaire photovoltaïque a mis un frein certain à l’engouement pour le solaire en Europe. En période de rigueur budgétaire les états ne peuvent plus se permettre de soutenir l’industrie du photovoltaïque comme ils l’ont fait ces dernières années. Il faut dire que le succès avait été franc dans tous les pays, dépassant toutes les prévisions.

Et puis il y a la Chine, encore et toujours, et pour longtemps. Les produits allemands ne sont plus compétitifs. Très bientôt le marché mondial de l’énergie solaire sera dominé par les chinois qui affichent sans fard leur ambition. Que va-t-il donc nous rester ? Le gaz de schiste ? La fission nucléaire ? Les agro-carburants ?
L’exemple de Q-Cells et consorts doit nous conduire à la prudence et à la réflexion. Premièrement, il ne faut peut-être pas rejeter systématiquement les sources classiques ou leurs dérivées. Il faut trouver un juste équilibre entre écologie, lutte contre le réchauffement climatique et économie. Deuxièmement, il faut une politique européenne commune pour l’énergie afin d’harmoniser les subventions, financer des grands projets et protéger nos entreprises.

La chute du géant allemand Q-Cells révèle un point sur lequel je méditais dans un de mes récents billets : l’éternel problème du coût du travail. Avec les règles du jeu économique actuelles, un ouvrier européen ne sera jamais compétitif face à un ouvrier chinois, indien, africain, indonésien… Alors que faire ? Faire pression sur les hommes politiques et les décideurs pour que les règles soient modifiées afin que chacun y trouve son compte.
Ça tombe bien, il y a l’élection présidentielle dans trois semaines.

Un nom trompeur

Je veux parler ici de la fameuse TVA sociale que le gouvernement souhaite mettre en place prochainement.
La Taxe à la Valeur Ajoutée est un impôt indirect sur les biens et les services payé donc par tous les citoyens-consommateurs. Il faut savoir que cet impôt représente la première ressource financière du budget de l’état français.

Le terme TVA sociale est trompeur car il ne s’agit en rien d’une mesure sociale destinée à améliorer le sort des classes défavorisées.
La TVA sociale correspond en réalité à un transfert de fonds : il s’agit d’augmenter le taux de la TVA pour financer certaines dépenses liées à la protection sociale. En parallèle les charges sociales des entreprises sont réduites afin de rendre ces dernières théoriquement plus compétitives. Une partie (ou l’ensemble selon le taux choisi) de la protection sociale est ainsi financée par les consommateurs.

Le point de vue des adeptes :
Les produits venant de l’étranger, par exemple d’Asie, sont taxés. Ainsi les entreprises étrangères participent indirectement au financement des dépenses sociales.
Les entreprises françaises deviennent plus compétitives car le coût du travail baisse. On peut donc espérer des embauches et moins de délocalisation. Cette vision est discutable : 1) la productivité des travailleurs français est très bonne si on la compare avec celle de pays au niveau de vie identique ; 2) un travailleur français coûtera toujours beaucoup plus cher qu’un travailleur habitant un pays pauvre, sans système de protection social et environnemental.

Le point de vue des détracteurs :
La TVA sociale est un impôt injuste puisqu’il ne dépend pas du revenu.
Le risque d’une augmentation des prix des produits est grand. La consommation, moteur principal de la machine économique, pourrait donc chuter avec des effets opposés à ceux escomptés.
Les recettes de l’Etat deviennent très dépendantes de la consommation, donc de la croissance.

Mon sentiment sur la TVA sociale n’est pas tranché. Je pense qu’il faut la mettre en place et étudier son impact par exemple sur le taux de chômage.
Je regrette finalement que le gouvernement de N. Sarkozy est attendu cinq ans avant de se jeter à l’eau. Rien n’empêchait un essai dès 2007.

AA+. Et alors ?

Impossible d’y échapper sauf à être enfermé seul dans une pièce sans journaux, télévision, téléphone et Internet depuis quarante-huit heures.
J’ai appris la nouvelle vendredi soir en rentrant de Toulouse où je participais au jury d’une thèse de doctorat (en tant que rapporteur) sur l’optimisation du circuit magnétique des propulseurs à effet Hall.
Des bruits de couloir circulaient néanmoins depuis le début d’après midi, sans démenti de la part du gouvernement. Il était évident que le basculement était proche et inévitable.

L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a finalement dégradé la note de la France de AAA à AA+ avec une perspective négative. La France n’est pas le seul pays concerné par une détérioration de sa note ; huit autres pays ont vu leur note abaissée. L’Allemagne est désormais le seul pays de l’Union Européenne à garder un AAA avec une perspective stable. S&P est actuellement en train d’évaluer la notation du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) en avertissant qu’une dégradation est envisageable à cause de l’impact direct des notes des pays qui composent le Fond. L’Allemagne pourrait alors en faire les frais.

L’abaissement de notre note par S&P (les autres agences maintiennent le AAA) est à mes yeux logique. J’ai donné dans un billet précédent mon point de vue sur les agences de notation. Elles font leur travail d’évaluation pour les investisseurs (dont nous faisons partie au travers de nos assurances vie, PEA et autres). Je regrette simplement le poids qu’on leur donne ; il est exagéré.
Malgré les réels efforts entrepris par le gouvernement de Mr Sarkozy pour redresser les finances publique, la France paye finalement le prix d’un retard accumulé depuis presque quarante ans. Les efforts à réaliser pour stabiliser voir réduire l’endettement du pays et retrouver une certaine compétitivité économique sont immenses. S&P lance un avertissement : il faut aujourd’hui des réformes profondes même si elles sont impopulaires et dures à supporter sur le court terme. La France et les autres pays touchés sont également sanctionnés pour leur (non-) traitement du dossier de la Zone Euro et du problème Grec. Je ne m’étendrai pas sur ce point mais il est vrai que rien n’a réellement était fait malgré les réunions multipliées et les annonces très médiatisées.

Cette dégradation est donc un signal. Il n’y aura pas de conséquence à court terme sur, par exemple, les taux de nos obligations. La dégradation de la note avait été largement anticipée par les marchés ce qui explique que les places financières ne se soient pas effondrées vendredi. Le taux auquel la France emprunte n’est plus depuis longtemps celui d’un pays AAA. Seul l’Euro a – à juste titre – été impacté par l’annonce de S&P.
En réalité, le plus surprenant dans cette affaire, c’est le moment choisi par S&P pour dégrader la note de la France. On peut penser que S&P veut forcer les prétendants au poste de Président de la République à revoir leur copie et à faire des propositions réalistes capables de faire évoluer le pays dans le bon sens.
S&P révèle aussi – mais qui en doutait – l’écart réel entre l’Allemagne et la France. Pour bien connaître ces deux pays, j’avoue qu’aujourd’hui, faute de courage de la part de nos hommes politiques qui ont laissé le pays s’enfoncer dans un marasme, nous sommes loin derrière nos compagnons allemands.
Il reste maintenant à voir comment la droite et la gauche vont réagir à cet électrochoc. Le discours tenu hier matin par notre premier ministre était vide, sans intérêt. Les réactions de la gauche, du centre et des autres partis sont idiotes, partisanes et n’apportent rien. Le temps presse pourtant. A quand un vrai discours, avec des engagements forts et une véritable stratégie économique et sociale pour le quinquennat à venir ?

Remise à zéro

J’entends souvent dire, et pas uniquement au comptoir des bistrots, que la situation économique de nombreux pays est si détériorée aujourd’hui en raison du niveau de leur dette – les Etats-Unis d’Amérique ont franchi cette semaine le seuil des 15000 milliards de dollars – qu’après tout, pourquoi ne pas annuler l’ensemble des créances et repartir de zéro ?
Une telle mesure serait en réalité injuste et aurait des conséquences dramatiques sur le fonctionnement déjà grippé de nos sociétés.
– Injuste vis à vis de ceux qui ont fait des efforts pour limiter leur taux d’endettement et produire des richesses et, à l’opposé, trop facile et non pédagogique pour ceux, véritables cigales, qui n’ont rien fait pour freiner la dégradation de leurs comptes.
– Mais surtout tragique pour nous tous. Afin de financer diverses dépenses (santé, retraite, éducation, infrastructure, remboursement de prêts…) les états sont obligés d’emprunter aux établissements bancaires en émettant des obligations vendus sur le marché. Les banques  prêtent donc l’argent stocké dans leurs caisses aux états. Mais cet argent est en réalité celui des épargnants qui placent régulièrement leurs économies via diverses options en espérant faire in fine quelques profits. Autrement dit, les états empruntent à tous les citoyens du monde, vous comme moi. L’annulation des dettes reviendrait donc à faire disparaître d’un coup les économies de centaines de millions d’individus. On imagine très bien les conséquences : chute brutale des retraites, perte de la couverture santé, arrêt net de la consommation, de l’accès au logement… Bref, le chaos.

Je vous invite à lire le dernier article du blog Résultat d’Exploitation(s) intitulé La pédagogie de la crise : une ardente obligation, ainsi que les commentaires. Vous trouverez des explications fortes utiles sur la dette et les mécanismes associés qui devraient vous conforter dans l’idée que nous n’avons pas d’autre choix que celui de rembourser nos créditeurs.

Mauvaise surprise grecque

Les dix-sept chefs d’Etat et de gouvernement de la zone Euro ont réussit la semaine dernière à s’accorder sur une réponse d’ampleur à la crise de la monnaie unique et des dettes. Trois résolutions ont été prises :

– L’effacement de la moitié de la dette grecque (100 milliards d’euros) pour la ramener à 120% du PIB à l’horizon 2020,

– Une recapitalisation des banques à hauteur de 100 milliards d’euros pour permettre à celles-ci de renforcer leurs fonds propres (en parallèle les banques sont invitées à réduire les dividendes et les bonus versés),

– Le renforcement du Fond Européen de Stabilité Financière (FESF). Ce dernier doit être porté à 1000 milliards d’euros. Pour atteindre l’objectif, l’Europe va devoir se tourner vers le FMI et les BRIC. L’intervention probable de la Chine a fait naître une forte polémique. De mon point de vue, le rachat d’une partie de la dette européenne par les chinois n’est pas une mauvaise action. Cela est préférable à un affaiblissement sans fin de l’UE. L’aide chinoise sera naturellement apportée sous conditions. Mais n’oublions pas que si nous avons besoin des capitaux chinois, la Chine a besoin d’une Europe qui consomme. D’autre part, qu’on l’accepte ou non, le Centre bascule du côté de Pékin et Shangaï.

Les principales places financières de la planète avaient réagi très positivement à ces « accords de la dernière chance ». On pouvait alors croire que le pire (un effondrement en chaine des pays européens suivit d’une contagion au reste de la planète) avait été évité. C’était sans compter sur le premier ministre grec, Georges Papandréou.

Ce dernier vient de créer la surprise en annonçant l’organisation prochaine (sans doute en début d’année) d’un référendum sur le plan de sauvetage européen. Il souhaite sans doute mettre son peuple face à ses responsabilités car les citoyens condamnent les décisions du sommet européen qui d’après eux conduisent à une perte de souveraineté. Je peux comprendre le point de vue des grecs qui subissent les plans d’austérité à répétition. Il est vrai que le peuple n’a pas directement été consulté. Mais l’urgence de la situation fait que certains principes doivent être mis temporairement entre parenthèses. Par ailleurs, le gouvernement grec a bien été élu démocratiquement ; il représente ainsi la majorité des citoyens.

G. Papandréou prend là un risque énorme, qui pourrait non seulement faire tomber définitivement la Grèce, mais également entrainer dans la chute l’Europe et le reste du monde.

Le revirement grec a pris tout le monde de court. Les bourses européennes dévissent (-4,7 % pour Paris à 16h30) car les investisseurs craignent une fois encore la sortie de la Grèce de la zone euro et une contagion à l’Espagne, au Portugal et à l’Italie.
J’entends ceux qui disent, de-ci de-là, que les gouvernants ont sauvé l’Euro mercredi dernier, et non l’Europe et ses citoyens et qui se félicitent du choix grec. Je considère pour ma part que c’est une fâcheuse décision et une très mauvaise nouvelle à l’avant-veille du sommet du G20 de Cannes. Sauver l’Euro et répondre à la crise des dettes d’état, c’est sauver l’Europe et ses habitants.

Taux de croissance français

Les places boursières européennes continuent leur chute. J’en veux pour preuve le niveau du CAC 40 qui est passé aujourd’hui au dessous des 3000 points soit un plongeon de près de 26% depuis le mois de juin. La situation n’est guère meilleure pour le reste de la planète. Le problème des dettes n’est pas réglé. Les établissements bancaires seraient exposés et fragiles. La consommation n’est pas au rendez-vous. Les plans d’austérité minent le moral des citoyens. Le chômage augmente un peu partout. L’été 2011 restera dans les annales de l’économie comme un été infernal.

Comment sortir de cette spirale ? Je n’ai pas de solution miracle. Une chose est certaine, il faut commencer par assainir les finances publiques pour retrouver une certaine confiance et rassurer les investisseurs. Une fois le processus lancé, les dirigeants devront s’attaquer au problème, plus complexe à mes yeux, du chômage massif.

Réduire l’endettement passe obligatoirement par des réformes profondes du système que cela plaise ou non :allongement de la durée hebdomadaire du travail, allongement de la durée de cotisation pour les retraites, privatisation d’une partie de l’assurance maladie, suppression de nombreuses niches fiscales, augmentation des certaines taxes, réforme de l’imposition, simplification des structures publiques et réduction des effectifs… Je sais, ce n’est pas un programme très sexy pour une élection présidentielle. Et pourtant, on n’y échappera pas. Certains opposeront à ma vision une autre solution, ou une solution qualifiée de complémentaire. Les caisses de l’état se remplissent d’autant plus facilement que la croissance est là. Jouons donc sur ce levier. Certes, mais la croissance ne sera jamais plus là, ou du moins jamais plus à des taux « chinois ».

Le graphique ci-dessus donne le taux de croissance de la France pour chaque décennie passée depuis les années 1960. Les données viennent de l’INSEE. Je les ai trouvé dans un très bon article de L. Vichnievsky (EELV) paru dans le journal Libération du 18 août 2011. J’ai ajouté le chiffre hypothétique de 1% pour la décennie en cours en me basant sur ce que risque d’être le taux pour cette année. Le taux de croissance est basé sur le PIB qui indique la valeur totale de la production interne de biens et services dans un pays au cours d’une année.
On constate sur la figure que le taux de croissance diminue inexorablement au fur et à mesure que le pays se développe. Aujourd’hui, les pays d’Europe, d’Amérique du Nord, ainsi que le Japon, la Corée du Sud et d’autres sont au bout d’un processus. Les infrastructures sont construites, les gens logés, nourris, soignés, éduqués. Les services sont à disposition. Il reste donc peu de marge. A moins de changer de modèle de société.
Je voudrais simplement que les hommes et femmes politiques aient cela en tête. Dire que la croissance résoudra tout, c’est mentir.

Première hydrolienne française

EDF va mettre à l’eau dans les prochains jours au large des Côtes-d’Armor la première hydrolienne française. Cette structure est haute de 21 mètres et pèse près de 1000 tonnes. Elle devrait fournir 500 kW de puissance. Si l’expérimentation est un succès, un parc de quatre hydroliennes serait construit pour produire 2 MW et ainsi alimenter environ 2000 foyers.

La production d’énergie marine doit naturellement être examinée pour mener à bien une vraie stratégie de diversification et de remplacement des énergies fossiles. Grâce à l’étude de la récupération de l’énergie sous-marine, et à la réalisation de vastes parcs off-shore d’éoliennes (lire mon billet du 12 juillet dernier), la France pourrait rapidement devenir un leader dans le secteur des moulins et turbines, à défaut de l’être dans celui de l’énergie solaire électrique et thermique. Néanmoins, je reste convaincu que dans les prochaines décennies le vent et les courants terrestres et marins ne représenteront qu’une très faible part (quelques pourcents) de la quantité totale d’énergie produite sur la planète, tout comme le solaire, la géothermie, la biomasse et l’hydrogène.
Pour ce siècle, il va falloir encore compter largement sur les énergies fossiles (pétrole, gaz et surtout charbon) et sur l’énergie de fission nucléaire pour assurer les besoins des milliards d’habitants de la petite planète bleue. Même si le réchauffement climatique nous oblige à être prudent quant à nos émissions de gaz à effet de serre, je suis persuadé que les efforts de R&D seront plutôt concentrés sur l’amélioration des techniques de récupération du pétrole et du gaz et sur la capture du CO2 que sur la mise en oeuvre de sources variées au caractère intermittent. La raison se décline en trois volets :
i) les ressources en énergies carbonées, en particulier en charbon (certes, souvent de mauvaises qualité), sont très abondantes,
ii) les réseaux de distribution existent,
iii) aucune modification d’objets usuels (voitures, avions, centrales électriques…) n’est nécessaire.
Quant au nucléaire, il faut garder à l’esprit que les réserves en uranium sont non négligeables et qu’objectivement les centrales nucléaires sont sures (dans le sens où toutes les statistiques indiquent que le nombre de morts associés au nucléaire civil est très faible).

Ces nécessaires Agences de notation

La presse n’est pas tendre depuis quelques jours avec les Agences de notation. Les critiques fusent de partout. On peut lire des mots forts : absurde, incompétente, inefficace, vendue, dictatoriale…
Il est  vrai que leur fonctionnement – qui pour beaucoup reste très obscur – est loin d’être parfait. Pour preuve, peu avant la crise financière de 2008, les subprimes étaient bien notées tout comme les banques américaines. En clair, elles, ou plutôt leurs dirigeants et employés, n’ont rien vu venir. Pouvoir de prédiction nul. A l’heure actuelle, on leur reproche surtout de faire la pluie et le beau temps sur les marchés et les bourses du monde entier. Alors, au pilori ?
Non. D’après moi cela serait une grave erreur. Il nous faut des repères. Nous – les acteurs des marchés – avons besoin d’agences de notation, mais pas dans leur forme présente.
Il faut des agences indépendantes des états et des entreprises (il faut donc trouver le mode de financement approprié), réparties sur toute la planète, aux pratiques et méthodes transparentes et capables de fournir des statistiques et des recommandations objectives et dénuées d’intérêt.
En réalité, les changements à apporter sont sans doute minimes. Il me semble que depuis 2008, des progrès ont été accomplis. Certaines orientations courantes sont-elles aussi aberrantes et incohérentes que cela ?