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AA+

Voilà un fait historique qui s’accorde à merveille avec les propos de mon billet du 5 août.

L’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s vient d’abaisser d’un cran la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis. Cette note passe ainsi de AAA (le maximum) à AA+. S&P met en avant les risques politiques et économiques liés au déficit budgétaire du pays (un abysse de 14500 milliards de dollars comme je l’écrivais hier). La dégradation de la note américaine était en réalité assez prévisible. Elle est aussi logique. Les hommes politiques américains, démocrates et républicains, doivent désormais s’attaquer au problème et proposer des solutions véritables et fortes. La faiblesse des propositions de rééquilibrage budgétaire faites lors du relèvement du plafond de la dette en fin de semaine dernière a sans doute pesé dans la décision finale de S&P. J’avoue qu’il fallait tout de même oser. De nombreux analystes pariaient d’ailleurs sur un maintien du triple AAA. Notons tout de même que l’agence Moody’s maintient pour l’instant son AAA. Mais pour combien de temps ? Par ailleurs, l’agence de notation chinoise Dagong avait déjà abaissé la note de la dette américaine mercredi.

Nous entrons peut-être dans une nouvelle ère ? Les avertissements des agences de notation ne sont pas forcément dénués de sens (voir mon article du 9 juillet). Nos pays ne peuvent pas continuer à dépenser – en toute conscience – de l’argent qu’ils n’ont pas. Nous n’avons plus le droit d’hypothéquer l’avenir des nouvelles générations (et le notre en même temps). Allons nous assister à une réelle prise de conscience et à la sortie de la spirale infernale de l’emprunt d’état ?

La dégradation de la note américaine arrive cependant au mauvais moment. Mais il y a-t-il un « bon moment » ? La croissance économique américaine est faible et l’augmentation probable des taux d’intérêt ne va rien arranger. La décision de S&P aura aussi des conséquences et répercussions sans doute brutales en Europe. Comme je l’écrivais hier, les perspectives économiques à court terme ne sont pas réjouissantes. Il y aura peut-être même un nouveau grand choc sur les marchés financiers avec son lot de désastres.
Cette situation était concevable depuis fort longtemps. Il est regrettable que l’être humain ne sache pas anticiper les problèmes. Il y gagnerait tellement…

Les indices boursiers dégringolent

Toutes les places boursières de la planète poursuivent la chute entamée il y a dix jours. Le CAC 40, indice parisien, a perdu plus de 15 % en un mois. Tout cela rappelle des mauvais souvenirs…
Quelles sont les raisons de la panique généralisée sur les marchés financiers ? Elles sont diverses mais sans doute liées.
Il y a d’abord le problème de l’endettement des « vieilles démocraties », Etats-Unis d’Amérique et Europe. Le gouvernement américain nous a récemment livré la saga de l’été avec le relèvement du plafond de la dette (abyssale) du pays, alors que l’issue était connue de tous. Mais le problème n’est pas réglé malgré les économies promises à long terme. De l’autre côté de l’océan Atlantique, la Grèce est ruinée, il n’y a pas de doute. Les pays européens ont réagit (à retardement hélas) et proposé un remède dont la contrepartie en réduction des dépenses et recherche de fonds via la vente de biens publics place le pays dans une situation critique pour plusieurs années. L’Union européenne et la zone euro ne sont pas sauvées pour autant aux yeux des investisseurs. Ces derniers craignent, malgré les discours rassurants des hommes politiques, que la dette publique de certains pays comme l’Espagne, l’Italie, le Portugal (la France viendra sans doute s’ajouter un jour prochain à la liste)  devienne ingérable et conduise à des faillites en série.
Il y a ensuite le problème de la croissance. Les acteurs du marché avaient anticipé une croissance trop forte pour 2011. Elle ne sera pas au rendez-vous. Les chiffres de l’emploi en France et aux Etats-Unis par exemple le prouvent même si les grandes entreprises ont l’air de s’être remises sur les rails portées par la croissance asiatique. On assiste donc aujourd’hui à une sévère et brutale correction sur les actions, obligations et cetera. La seule bonne nouvelle est la chute des prix des matières premières, pétrole en tête (85 $ pour le Wti) qui laisse entrevoir une lueur d’espoir pour la fin de l’année.

A quoi faut-il s’attendre ? Je ne suis pas voyant, mais je peux imaginer un scénario en terme économique pour le futur.
Il n’y a aucun signe qui indique que la situation économique globale peut s’améliorer rapidement. L’Amérique, le Japon et les pays européens sont sans doute arrivés à la fin d’un cycle et d’un modèle. Où trouver des source de croissance ? La population vieillie, les ménages sont pleinement équipés, les infrastructures sont là. Il y a peut-être des micro gisements dans les services à la personne et l’énergie. Bien sûr, la croissance se fait dans les pays dits émergents (Chine, Inde, Brésil, Russie) et certaines entreprises en tirent des bénéfices mais c’est marginal. De plus cette croissance va bientôt se trouver confrontée à l’épuisement des ressources et à la surpopulation. Et puis les dettes sont là et il faudra un jour rembourser nos créditeurs. Tout cela me conduit à penser que c’est un nouveau modèle économique, basé sur d’autres facteurs que l’unique croissance, dont nous avons désormais urgemment besoin.

Que faut-il penser des agences de notation ?

En milieu de semaine, l’agence de notation Moody’s prenait la décision de dégrader la note de la dette du Portugal. Cette dernière est désormais considérée comme un investissement spéculatif. Un nouveau coup dur pour la zone euro déjà affaiblie par la faillite de l’état grec. Les gouvernements de différents pays, France et Allemagne en tête, ont vivement critiqué l’attitude de l’agence Moody’s. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’en est également pris à l’agence en estimant que l’arbitrage de Moody’s n’était pas fondé.

Que faut-il donc penser des agences de notations, de leur attitude et de leur rôle ?
Le monde économique à naturellement besoin d’acteurs indépendants et objectifs pour évaluer l’état des marchés, des dettes ou des excédants, des monnaies, la santé des groupes industriels, des banques, des états.
Il existe trois grande agences de notations : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Toutes sont anglo-saxonnes. Il est évident, même pour le non-spécialiste, que ces agences n’ont pas joué leur rôle à l’aube de la crise financière de 2007 puisqu’elles n’ont rien vu venir (où rien dit). Aucune sanction ne fut prononcée à leur égard. C’est une erreur à mes yeux.

Que faire ? Voilà quelques pistes de réflexions.
Il faut créer une agence de notation européenne et asiatique pour faire contrepoids aux agences américaines.
Il faut rendre les agences responsables sur le plan juridique.
Il est nécessaire de trouver un système de financement qui les rendent plus indépendantes car elles sont aujourd’hui juge et partie. On imagine difficilement une agence dégradant fortement le bilan d’un de ses importants clients.
Enfin, les acteurs des marchés doivent apprendre à être plus autonomes. Les actes et paroles des agences de notation ne doivent plus être considérés comme sacrés et vrais.

Une remarque pour terminer.
Mettez-vous à la place d’un investisseur potentiel. Est-ce vraiment illogique de considérer un placement financier en Grèce où au Portugal comme hautement risqué ? A vous de juger.

La Grèce en faillite

Le Parlement grec a voté, mercredi et jeudi, par une courte majorité (155 voix contre 136), le plan de rigueur draconien présenté par le gouvernement socialiste de Georges Papandréou. Ce programme d’austérité prévoit 28 milliards d’euros d’économies budgétaires en quatre ans (pour moitié dues à des hausses d’impôts et pour moitié à des réductions des dépenses publiques) et une rafale de privatisations susceptibles de rapporter 50 milliards d’euros.
La Zone Euro va donc débloquer la prochaine tranche des 110 milliards d’euros sur trois ans promis dans le cadre du plan d’aide à la Grèce en mai 2010. Cette fois-ci des établissements banquaires privés belges, allemands et français vont participer à cette opération dont l’objectif  est d’éviter la faillite immédiate du pays.

Le feu vert du Parlement grec au plan d’austérité a été accueillit par des grèves, des manifestations et de violentes protestations. Les mouvements vont sans doute se poursuivre dans les jours et semaines à venir. Peut-être même s’intensifier.
J’entends la foule grecque brisée, à bout. Je comprends la jeunesse de ce pays dont on hypothèque l’avenir. Elle a perdu tout espoir de lendemains heureux. Les grecs sont lucides et raisonnables ; ils ont bien sûr compris que leur pays était ruiné, déjà en faillite malgré les beaux discours de l’Europe et du FMI. L’aide promise – mais à quel prix – ne sert qu’à gagner du temps en attendant une solution miraculeuse venu du ciel (1). Il faudra probablement, dans un an ou deux, renflouer encore les caisses vides de l’état car le plan proposé est absurde : il anéantit toute possibilité de croissance économique. Et sans croissance, par de rentrée d’argent dans les coffres.
Mais à mes yeux il y en encore plus grave. Les créanciers et les agences de notation – cela même qui sont à l’origine de la plus grave crise financière que l’humanité ait connu – obligent le peuple grec à se séparer de ses biens. L’état va devoir vendre au secteur privé ses entreprises et une partie de ses services. Il ne lui restera alors pratiquement plus rien. La Grèce sera bientôt le premier pays de la Zone Euro où l’état aura disparu, dans le sens où il ne jouera plus aucun rôle. Quid alors de la démocratie sans un état pour garantir l’égalité, la justice et la sécurité ?

(1) N’aurait-il pas été plus sage pour l’Union Européenne de faire sortir la Grèce de la Zone Euro au début de la crise lui donnant ainsi la possibilité de dévaluer sa monnaie, donc de réduire sa dette, et de redevenir compétitive, donc de générer de la croissance ?