Archives de catégorie : Réflexions

Lectures

Voilà un liste d’ouvrages parcourus au cours des quatre premier mois de l’année 2025, dans le désordre.

– Houris de Kamel Daoud,
– Lux de Maxime Chattam,
– Les effacés de Bernard Minier,
– L’ère de la supernova de Liu Cixin,
– Libre de Mike Horn,
– Le problème à trois corps de Liu Cixin,
– La femme de ménage de Freida McFadden,
– Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour,
– L’arche spatiale de Peter F. Hamilton,
– Initiation à la Physique Quantique de Valerio Scarani.

Houris a obtenu le prix Goncourt en novembre 2024. C’est amplement mérité étant donné le sujet, les mots, l’écriture. K. Daoud y parle, à travers la vie et les mots d’une jeune rescapée pleine de vie, de la guerre d’Algérie. Pas la première, pas la notre mais la leur, celle dont on ne parle pas, celle qui n’a pas eu lieu. A lire pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. J’ai découvert l’auteur de SF chinois Liu Cixin avec le problème à trois corps, après avoir regardé la série. Etonnant. J’ai relu l’ouvrage de V. Scarani durant ma convalescence. Je ne m’en lasse pas. L’une des meilleures introduction à la mécanique de l’infiniment petit qui soutient le monde d’aujourd’hui, mais qui le sait ?
M. Chattam bascule dans la SF avec « Lux » ce qui montre l’étendue de ses capacités romanesques. Ce livre permet de s’évader et propose en filigrane une réflexion sur le futur à moyen terme de notre civilisation.
Quant au livre de C. Sapin-Dufour, je le conseille vivement à tous ceux qui aiment les chiens. Bel ouvrage qui traduit si bien ce que des millions de personnes pensent et ressentent.

Reprise

J’aurais pu intituler cet texte  » Retour « . Je viens de reprendre mes activités au laboratoire ICARE du CNRS après deux mois d’arrêt maladie. Je me suis malencontreusement fracturé sévèrement le plateau tibial (partie haute du tibia) en février dans les Pyrénées. Rapatriement sur Orléans puis opération au CHU avec pose d’une plaque et de plusieurs vis en titane. S’en est suivit une période d’immobilisation totale de la jambe sans autorisation de poser le pied à terre. Cette période fut longue et difficile à traverser quand on fonce tous les jours, quand on a la tête pleine d’idées et d’envies, quant on est libre. Je suis ravi qu’elle fasse désormais partie du passé. J’ai appris à me servir d’une chaise roulante pour avoir un minimum d’autonomie puis de béquilles avant finalement – depuis peu – que je puisse poser le pied, utiliser à nouveau ma jambe et marcher lentement et clopin-clopant. Quelle joie ce fut de pouvoir sortir à nouveau, se promener sur quelques centaines de mètres, croiser des gens et redevenir indépendant et utile un minimum. La fin de ce calvaire en miniature fera hélas un malheureux, notre chien Elvis, qui a pu passer deux mois à plein temps avec son maître.

Cette période a été propice à la réflexion, à la lecture et à la vision de quelques films que je gardais depuis longtemps dans un coin. Le soutien de mes amis et nos discussions m’ont aussi aider à traverser cette période sombre. J’ai travaillé aussi, tous les jours, garder le contact avec mon équipe et le laboratoire. Ecriture d’un article, de rapports, lecture d’articles et d’ouvrages scientifiques, préparation de nouveau projets et gestion à distance de la vie d’une unité et de la recherche en général. En regardant en arrière, je me dis que c’est une chance d’avoir eu cette possibilité, sinon fou je serai devenu à ne presque rien faire et à tourner en rond jours et nuit.

J’ai aussi regardé de mon canapé ou de mon lit le Monde vaciller et être secoué par les décisions incohérentes et souvent bêtes du 45ème et 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique et de sa troupe hétéroclite. On a pas fini de rire et de pleurer. En trois mois il aura démoli une partie de ce que les nations avaient mis des décennies à bâtir, il aura semé la pagaille, il aura installé le doute et renforcé la détestation des Etats-Unis. Sans oublier les décisions prises contre la lutte contre le réchauffement climatique, de quoi envoyer la planète entière vers le chaos plus vite alors que le temps nous manque déjà. Trump II semble en grande forme, ses sbires aussi. Il reste 1400 jours. Que ça va être long… Souhaitons que sous les coups bas, les coups sur la tête et les insultes, l’Europe s’émancipe et prenne enfin son envol.

Coût d’un lancement

Voici une figure que j’ai présenté à mes étudiants de Master pour la première fois au mois d’octobre dernier. Le graphique montre le coût en dollars de la mise en orbite basse d’un kilogramme de charge utile en fonction de l’année et du lanceur utilisé. La source principale des données est CSIS Aerospace Security Project, Payload Research estimates | 2022, 2024 (OurWorldInData.org) . On peut faire plusieurs commentaires. En faisant abstraction du lanceur lourd StarShip de Space X, le coût moyen du kg lancé avoisine les 10000 $. C’est la valeur communément mentionnée dans les ouvrages et les articles. On remarque le coût exorbitant d’un envoi avec la défunte navette spatiale américaine, environ 100000 $/kg. Le coût est plus élevé avec des petits, autour de 20-30 k$/kg. Le lanceur réutilisable Falcon 9 a fait chuter le coût à 2000 $/kg. Son grand frère Falcon Heavy fait même descendre le kg à 1000 $. Mais la cute la plus vertigineuse est générée par le lanceur StarShip avec un coût estimé autour de 200 $/kg.

La cible en vue est donc un prix du kg autour de 100 $, soit un gain d’un facteur 100 par rapport au coût standard. Une telle valeur conduirait à une révolution avec un accès à l’espace abordable pour tous. Une réelle économie de l’espace pourrait alors se développer, non seulement en orbite terrestre, mais aussi en orbite lunaire, sur le sol de la Lune, en orbite martienne et sur la surface de Mars. L’étude et l’exploitation des astéroïdes pourrait devenir une réalité, tout comme l’exploration à grande échelle de notre système solaire. Une nouvelle ère en fin de compte.
Un coût aussi bas aurait aussi un impact sur le type de propulsion employée sur les satellites, les sondes et les autres types de véhicules spatiaux. La propulsion électrique continuera d’équiper les petits véhicules mais la propulsion chimique, qui nécessite une plus grande masse de carburant, pourrait faire son retour pour les grands véhicules. Une combinaison PC/PE, que l’on appelle le mode hybride ou le mode dual, pourrait alors être la meilleure solution.

2025

L’année débute sous de mauvais auspices pour l’ensemble des peuples de la planète. Je ne vois rien arriver de bon à l’horizon avec Trump, Poutine, Xi et leurs nombreux acolytes sauf pour quelques privilégiés. Sale temps pour la planète, les femmes, les pauvres, les faibles… Assistera-t-on au grand bon en arrière qui effacera 70 ans de progrès et d’avancées ? Je ne le souhaite pas. Je n’y crois pas non plus, malgré les tempêtes à venir. On jugera dans 364 jours.

Sinon, pour se changer les idées, voilà quelques particularités du nombre 2025 qui est un nombre assez remarquable. On peut facilement trouver ses propriétés sur Internet.

2025 = (20 +25) × (20 + 25) = 452 = (1 + 2 + … + 9)2

2025 = xu × yv × zw avec x, y, z, u, v, w dans l’ensemble {1, 2, 3, 4, 5, 6}.
On montre que 2025 = 16.34.52

2024 s’en va

L’année 2024 est sur le point de se terminer. Voilà les grands, de mon point de vue, faits qui on marqué les 365 jours écoulés, le tout dans le désordre chronologique :
Le congrès international IEPC que j’ai organisé à Toulouse en juin, la visite (ma première) de la grotte de Lascaux, le séjour en famille à San Sebastian cet été, la poursuite de la guerre en Ukraine, le conflit israélo-arabe, le vol du Starship de Space X et la récupération du premier étage, notre campagnes de vols en apesanteur dans l’Airbus A310 Zero G de Novespace, l’élection sans appel de D. Trump à la Maison Blanche, le décès de Maïté, M. Blanc, F. Mitterrand, S. Doherty, C. Lévy…, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris avec les cérémonies d’ouverture (grandiose) et de clôture, l’entrée au collège de notre fils.

L’année 2025 est désormais devant nous. Dans le contexte mondial actuel et avec l’arrivée prochaine au pouvoir de D. Trump et ses copains milliardaires il me semble que rien de bon ne s’annonce pour le monde et son avenir. Un retour en arrière est en cours. L’ouverture et les accords internationaux vont laisser la place aux rapports de force et à l’intimidation, au repli sur soi et aux relations bilatérales, le fameux  » deal  » de D. Trump. Un monde où le plus fort gagne et impose sa vision aux autres. A ce jeu, ni l’Europe ni la France ne sont prêtes.

L’Homme en bleu

Il était malgré lui devenu une figure de ma ville natale, Limoges, avec son bleu de travail, ses bottes en caoutchouc et son vieux vélo. Il pédalait tous les jours, que le soleil brille, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse chaud ou froid, traversant la ville au milieu du trafic. Je l’ai croisé des centaines voire des milliers de fois dans ma jeunesse dans le quartier du Sablard où j’ai grandi. Il m’a accompagné au quotidien sans même le savoir.

L’Homme en bleu, comme les limougeauds le surnommait, n’est plus de ce monde. Jean-Marc Chatard, de son vrai nom, a été tué il y a quelques jours à Eyjeaux renversé par un automobiliste. J’ai été profondément touché et ému par cette triste nouvelle. Je ne m’y attendais pas. Je m’étais sans le savoir attaché à lui, à ce symbole et à ce qu’il représentait : la simplicité, une forme d’abnégation, le courage d’affronter les éléments et les autres. Un avangardiste, sans qu’il le sache, sans que je m’en doute quand je l’apercevais avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny ou bien avenue du Sablard où j’ai vécu plus de deux décennies. C’était aussi un représentant, un des derniers peut-être, de la classe ouvrière dans la ville où la CGT est née.

Je remercie tous ceux, de Limoges et d’ailleurs, sans la presse, à la télévision et sur les réseaux sociaux qui lui ont rendu hommage. Aux marcheurs qui ont défilé en bleu dans les rues de Limoges. Au maire qui a fait éclairer la Mairie en bleu. Merci. Que l’Homme en bleu repose en paix. Qu’il reste un symbole et un exemple.

Victoire du rouge

La victoire est nette, sans appel. Donald Trump et le parti Républicain l’ont emporté haut la main ave cette fois la majorité des grands électeurs mais aussi la majorité des électeurs. Kamala Harris n’a pas su convaincre, hélas. Pour sa défense, c’est une femme de couleur. Elle partait donc avec un lourd handicap, quel que soit son programme. En face elle avait en plus un adversaire redoutable qui ne recule devant rien. Les spécialistes analyseront les raisons de la défaite des Démocrates, mais cela ne changera rien à court terme.

L’Amérique a donc basculé. Saut dans le – presque – inconnu avec Donald Trump. Le monde sera plus dur, une certitude. DT va la jouer homme d’affaires, sans vision globale, mais avec pour but de maximiser les gains de l’Amérique, de ses soutiens, de son cercle et les siens.
Poutine doit se réjouir et vise sans doute déjà les Pays Baltes pariant que DT ne bougera pas. Xi Jinping lui aussi doit sourire. L’invasion de Taiwan se tente. La Corée du Nord pourra continuer à narguer les démocraties. D’autres encore se réjouissent : Benyamin Netanyahou, Javier Milei… La liste est longue.
D’autres font grise mine. L’Ukraine d’abord qui peut craindre d’être lâchée par l’Oncle Sam. Taiwan. Le Japon… Naturellement, n’oublions pas l’Europe que DT va chercher à affaiblir en négociant au coup par coup et en montant les dirigeants les uns contres les autres. Si on tombe dans le panneau, l’Europe pourrait disparaître, rien de moins.
Mais c’est aussi une occasion pour rebondir et occuper enfin la place méritée. Mais il faut des grand(e)s hommes/femmes pour cela. Enfin, il y a peut-être un pays, une nation, un peuple que l’on oublie, c’est l’Amérique elle même. On verra ce qu’elle est devenue dans quatre ans mais nul doute que certain(e)s souffriront. L’Amérique aussi pourrait tomber, au nom de la liberté. Quel paradoxe.

Veille d’élections

En 1990, alors que le mur de Berlin s’effondrait et que l’empire soviétique tombait en miettes, Francis Fukuyama écrivait un ouvrage devenu célèbre intitulé La fin de l’Histoire. Le capitalisme et la démocratie venaient de triompher. Point final. Il ne restait plus qu’à profiter et à regarder la démocratie et le bonheur s’épanouir sur notre planète. On pouvait y croire. J’étais un jeune adolescent à l’époque et comme des millions d’autres, j’y ai cru. L’avenir allait être radieux.
Des doutes ont commencé à émerger en septembre 2001. Le monde redevenait complexe. Les nantis de l’histoire prenaient leur première claque. Et puis le climat s’est dégradé avec la monté du terrorisme islamiste, l’arrivée de la Chine sur la scène internationale, l’échec de la démocratisation du monde, le rebond de la Russie du mauvais côté de l’histoire, sans oublier l’épuisement de ressources, comme l’eau potable, l’effondrement de la biodiversité et les changements climatiques. Que du beau en perspective. A l’aube de la moitié de ce siècle, je ne serai pas surpris de lire un livre l’intitulé cette fois La fin de la démocratie. Je suis désormais assez convaincu que la démocratie ne sera qu’une parenthèse dans ce monde, résultat d’une guerre mondiale, tout comme la classe moyenne. On en reparle dans vingt cinq ans.

Quant à demain, il faut s’attendre au pire. Les plus durs partisans de Trump n’accepteront pas une deuxième défaite (s’ils perdent) alors qu’ils sont convaincus que leur adversaire triche depuis le début. L’Amérique peut basculer. Attendons de voir et retenons notre souffle.
Quant à l’Europe, elle risque d’être perdante dans les deux cas de figure, faute de s’être organisée et préparée, mais sans doute plus si DT l’emporte. Et je ne parle pas de l’Ukraine…

Fin de la trêve

On vient de refermer la page, sublime, des Jeux Olympiques de Paris 2024 avec la cérémonie de clôture des jeux paralympique. On termine comme on avait commencé, sous la pluie. La France au sommet de son art, la France qui rayonne, la France qui fait rêver et qui éblouit, la France avec le monde conquis à ses pieds en exagérant un peu. Belle parenthèse enchantée pendant six semaines même si je suis parfaitement conscient que le Jeux Olympiques ne touchent pas tout le monde comme une coupe du monde de football le fait. Etrange d’ailleurs sachant que les français sont nombreux à pratiquer un sport, les jeunes en premier, et que le valeurs portées sont universelles et fortes.

Et maintenant ? Nul doute que la ferveur va vite retomber, que le quotidien va reprendre le dessus, que le pessimisme va revenir, d’autant plus en cette période d’incertitude politique puisque la France n’a toujours pas de chef de gouvernement. Et pourtant elle tourne, pour reprendre les mots du savant italien Galilée. J’aimerais qu’un Premier Ministre soit nommé au plus vite, que le spectacle déplorable donné depuis les dernières élections européennes et la dissolution de l’Assemblée s’arrête et qu’ils se mettent enfin au travail pour que notre pays retrouve un peu de sa splendeur perdue. Est-ce trop demander ?

Paysages

Voici une sélection de photographies prises hier lors d’une randonnée au coeur du Limousin dans le parc naturel régional de Millevaches non loin du lac de Vassivière. Du vert, encore et toujours du vert. Que j’aime cette couleur et ce qu’elle représente pour moi : oxygène, marche, solitude, pensée, évasion, réflexion…
Je vous laisse deviner l’intitulé que j’ai trouvé pour chacune des images : La coulée verte, Le passage, Entre les murs, Encadré, La flèche du temps, Chemin de terre. Toute autre proposition est la bien venue.