J’ai parcouru des chemins de Sologne il y a quelques jours lors d’une petite randonnée ou d’une grande promenade, c’est selon. 28 kilomètres sous le soleil et un ciel relativement bleu après des jours, que dis-je, des semaines, de pluie plus ou moins intense. Je parcours le Loiret, le Loir et Cher et plus globalement la Région Centre Val de Loire à pieds ou à vélo depuis mon arrivée dans cette plate contrée en 2001. Les paysages, que j’ai vu se modifier au fil du temps avec notamment une artificialisation des sols – il est loin le temps où l’on pouvait parcourir les bords de la Loire sans piste à travers près et bois -, sont calmes et beaux. Forêts et clairières, étangs, marécages, et la Loire fleuve impérial bien sûr.
Il y a donc l’artificialisation galopante, alors qu’il faudrait aller en sens inverse et laisser la nature reprendre sa place, avec des pistes, des routes, des ouvrages d’art, des quartiers résidentiels, des zones commerciales et artisanales, mais il y a aussi l’engrillagement des forêts, surtout en Sologne, et l’élargissement des zones et réserves de chasse privées. Combien de kilomètres de clôtures, certaines faisant plus de deux mètres de hauteur ? Combien d’animaux pris au piège ? Combien de chemin condamnés ? Malgré un classement Natura 2000. Tout cela est dénoncé depuis longtemps maintenant. Mais rien ne bouge, si ce n’est dans la mauvaise direction. Toujours plus de grillage et de barrières.
Cela m’ennuie, me déprime un peu aussi. Je suis devenu las de cette métamorphose. Désormais j’irai ailleurs, plus au sud, aux portes du massif central.
Archives de catégorie : Réflexions
A. N.
La nouvelle, lue dans un journal en fin de journée, m’a atterré. Je savais qu’un jour cela adviendrait. Mais au fond de moi j’espérais qu’il s’en sorte. Hélas…
Il l’a eu. Ils l’ont eu. Ils doivent sourire et célébrer cette disparition. Un de moins en travers de la route du Tsar. Que l’opposant russe Alexeï Navalny repose en paix, lui l’homme courageux qui n’a jamais cessé de dénoncer la corruption, la violence, la folie et la nature criminelle du régime de Poutine et ses sbires. Espérons qu’un jour, que j’espère proche, ils paieront pour leurs crimes, pour le mal fait à tant d’âmes.
Il faut se battre, non pas contre la Russie, pays et peuple opprimés par ses dirigeants depuis des siècles, mais contre les dirigeants russes, Vladimir Poutine en tête. Aidons l’Ukraine à gagner cette guerre, et préparons-nous à montrer les dents. Le nouveau Tsar rêve d’un nouvel empire, de la grand Russie, peu importe le prix à payer pour les autres. Il ira jusqu’au bout à moitié fou devenu. Barrons-lui la route pour que la démocratie triomphe sur les dictatures et les oligarchies, pour envoyer un signal à Xi Jinping, Kim Jong-un et tous les autres despotes.
Je vous invite à lire l’ouvrage intitulé « Le mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli pour mieux comprendre le pouvoir Russe et la période que nous traversons.
Charente
Randonnée de 39 kilomètres aujourd’hui en Charente au nord de la forêt de Brigueuil alors que l’année 2023 est sur le point de s’achever. Prendre un grand bol d’air frais, voire froid tôt le matin, se vider l’esprit, refaire le plein d’énergie, profiter des paysages d’hiver, penser et mettre en place le déroulé de l’année à venir même si tout ne peut pas être prédit, loin s’en faut.
Blindés
J’ai visité hier le musée des blindés de Saumur avec mon fils. Plus de quatre heures à arpenter les allées et les halls du musée sans voir le temps passer. Bien sûr il faut aimer les chars d’assaut et l’histoire des batailles et des guerres qui ont marquées les décennies écoulées. La collection du mussée est vraiment incroyable ; je recommande sa visite à tous, petits et grands, amateurs ou non de machines de guerre. Le musée présente la quasi-totalité des véhicules blindés ayant été créés et employés depuis le début du XXème siècle et la premières guerre mondiale. On y trouve les premiers chars, les blindés allemands de la deuxième guerre mondiale dont les Panzers et le célèbre Tigre, les Sherman et Patton américains, les chars français dont le lance-missile nucléaire Pluton et les prototypes AMX 40 et AMX 50 que je ne connaissais pas malgré un service militaire effectué dans la cavalerie, les blindés soviétiques du Pacte de Varsovie et des chars récents comme le Leclerc, les Leopard allemands et le Merkava israélien qui m’a particulièrement marqué par son profil et sa stature si imposante.
Nous sommes sortis du musée comblés par la visite, émerveillés quelque part par ses monstrueuses machines à tuer mais tout de même effrayés par le génie humain à l’oeuvre lorsqu’il s’agit de faire la guerre et de combattre.
Jizô
Il existe de très nombreuses premières fois, premières expériences. En voici une autre pour moi : première sculpture. J’aurai attendu d’avoir cinquante ans. J’aurais du le faire plus tôt.
Finalement, j’ai vraiment aimé manipuler cette matière, en l’occurrence de l’argile, et me concentrer sur les formes, sur les détails. Voilà le résultat après trois heures de travail intense dans le calme et la sérénité. C’est un jizô, sculpture japonaise représentant un moine au visage de poupon qui inspire la bienveillance et la sérénité. C’est un protecteur des enfants et des voyageurs mais aussi des âmes égarées. Ma sculpture n’est pas encore achevée. Elle doit encore sécher et dans trois semaines je pourrai gommer les imperfections et la peindre. Ensuite elle trônera fièrement dans notre maison.
Un très joli moment partagé. Un grand merci à l’atelier LudoTerre à Villers sur Mer et à Caroline. Merci aussi à mon ami Gaël sans qui cette découverte n’aurait jamais eu lieu.
74ème CAI
Le 74ème Congrès International en Astronautique (International Astronautical Congress) se déroule cette semaine à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan au bord de la mer Caspienne : IAC 2023. C’est un congrès réputé qui se déroule tous les ans et qui réunit les acteurs, petits et grands, du domaine spatial. On y présente les dernières avancées, les travaux en cours, l’état du domaine et les perspectives et feuilles de route.
J’ai pourtant décidé de pas participer à cette édition. A tort ou à raison. Le lieu est certes attrayant, mais je pense que l’on doit clairement séparer les activités spatiales et le champ de la politique internationale lorsque le contexte est instable et trouble. Nous, les acteurs, devons rester neutres autant que possible.
Ecole d’été en PE
Les mois ont défilé et je n’ai pas réussi à trouver un instant pour écrire quelques lignes sur ce blog. J’ai consacré la majeure partie de mon temps à ma famille, mes amis, mes recherches, mon équipe, mon labo et diverses activités dont la lecture, la visite de lieux, la sieste. Presque quatre mois se sont écoulés depuis mon dernier billet. Il est grand temps de se remettre à l’ouvrage.
Je viens de créer avec Thomas Trottenberg de l’Université de Kiel en Allemagne et mes collègues K. Dannenmayer et Eduard Bosch de l’ESA la première Ecole d’été européenne en Propulsion Electrique. Elle se déroulera au Centre européen de technologie spatiale de l’Agence Spatiale Européenne à Noordwijk aux Pays-Bas en octobre prochain. J’ai hâte d’y être. L’idée nous ait venu avec Thomas lors d’une discussion au petit-déjeuner alors que nous étions invité à l’Ecole d’été en Physique des Plasmas à Bad Honnef l’hiver dernier.
Un tel événement manquait dans notre domaine qui a connu une croissance explosive au cours de la dernière décennie avec l’émergence d’une grande variété de technologies et de concepts, de nouvelles missions et la création de nombreuses entreprises. L’objectif de cette école, qui se déroulera sur trois jours, est de fournir une vue d’ensemble du domaine de la PE en couvrant les aspects fondamentaux, les technologies, les diagnostics, la simulation et les missions. C’est une opportunité unique pour les doctorants, les jeunes chercheurs et ingénieurs d’apprendre, de rencontrer des acteurs et de débattre des avancées et des perspectives.
Le programme de l’Ecole et la liste des orateurs sont disponibles sur le site web : First European Summer School in Electric Propulsion for spacecraft.
Lectures récentes
Comme je l’écrivais récemment, j’ai été très pris par une multitude de tâches et d’événement ces derniers temps, sans arrêter mes travaux de recherche, mais j’ai tout de même (comment faire sans ?) pris du temps pour lire, m’évader, réfléchir. Voilà les ouvrages variés que j’ai lu au cours des dernières semaines.
- La constance du prédateur de M. Chattam,
- Encabanée de G. Filtreau-Chiba,
- Par la force des arbres d’E. Cortes,
- Respire de N. Tackian,
- Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé de F. Beigbeder,
- Au commencement était la guerre d’A. Bauer.
- Le monde sans fin de J.-M. Jancovici et C. Blain
J’ai aimé La constance du prédateur, comme tous les romans de MC. Je me suis amusé et évadé avec Respire. Je me suis en partie retrouvé dans le dernier livre de FB. C’est normal, vu mon âge et ma génération. J’ai progressé dans ma connaissance du monde avec le livre d’AB ; j’ai pris peur aussi. J’en recommande vivement la lecture pour mieux comprendre notre histoire, ancienne et récente, et ce que nous réserve sans doute le futur. Quant à l’ouvrage de JMJ, que dire ? Comment l’humanité fonce dans un mur à grande vitesse en le sachant mais sans freiner expliqué clairement et simplement avec de belles illustrations. On a froid ans le dos une fois les pages refermées car on sait que rien ne se passera avec la collision. Et ensuite il sera trop tard…
Je lis actuellement deux ouvrages sur l’apprentissage automatique et l’IA ainsi que le livre de T. Hertog, cosmologiste reconnu, élève, collaborateur et ami de Stephen Hawking, intitulé L’Origine du Temps.
Temps mort
Je n’ai pas été très actif sur ce blog depuis plusieurs semaines. Il y a avait pourtant de nombreux sujets à commenter et à débattre comme la réforme des retraites en France, la guerre en Ukraine, les faillites boursières aux Etats-Unis, les procès de l’ancien président Donald Trump, l’IA et bien d’autres. Mais j’ai été très accaparé par la gestion du laboratoire ICARE du CNRS dont j’ai pris la co-direction depuis le 1er janvier de cette année. Je découvre le métier de directeur d’une unité de recherche. Il y a des bons et des mauvais côtés, des moments faciles et d’autres plus difficiles. La tâche reste cependant prenante et fort intéressante d’autant plus que les défis à relever pour l’avenir du laboratoire sont nombreux et complexes (pyramide des âges, développement durable, contexte international, grands enjeux) sachant que l’on ne maîtrise pas tout, loin de là, et que l’on doit composer avec la politique de site, de la Région, du CNRS et celle du Ministère. Un fascinant jeu d’équilibre. Malgré cette nouvelle fonction, je n’ai pas arrêté de faire de la recherche. C’est impossible. J’ai diminué l’allure mais les travaux se poursuivent au sein de ma formidable équipe sur les propulseurs Hall, les moteurs à carburant solide, les nouveaux ergols et l’utilisation de l’apprentissage automatique (machine learning) en propulsion ionique entre autres.
De surcroît je me suis marié au mois d’avril dernier. Une belle et émouvante cérémonie en présence de notre fils Paco et une formidable et inoubliable journée de célébration en famille. Je ne regrette rien après vingt-quatre années d’hésitation.
Dialogue avec ChatGPT à propos de PE
Vous avez tous entendu parler ces derniers jours de ChatGPT, un agent conversationnel basé sur l’IA développé par OpenAI. Difficile de passer à côté du programme qui fait vos devoirs et rédige vos dissertations, rapports, articles et livres (ou presque). Les étudiants sont ravis. Les autres s’interrogent. Le début de la fin ?
J’ai donc voulu me faire une idée des capacités de ChatGPT. Afin de pouvoir juger de façon professionnelle et objective, j’ai choisi de poser à ChatGPT des questions concernant la propulsion électrique pour les satellites, l’un des domaines que je maîtrise le mieux. Notre petite conversation, sous forme de questions-réponses est disponible ici (en anglais) : A chat with ChatGPT about EP.
Le résultat est je dois dire assez bluffant. C’est en effet un niveau au dessus de ce que fait Google aujourd’hui ou Wikipedia. Il y a des répétitions, des imprécisions (notamment sur les familles et technologies il y a confusion et répétition), des simplifications, des oublis mais je n’ai pas trouvé d’erreurs majeures. C’est en somme une introduction d’un niveau correcte qui donne les grandes lignes. Mais on s’arrête là.
Pour en savoir d’avantage, approfondir, il faut (encore, mais pour combien de temps) se plonger dans les articles et les livres. Il faut aussi être critique, donc avoir du recul, donc avoir des connaissances, du savoir.
Une dernière remarque. ChatGPT ne cite pas ses sources. Il n’y a aucune références. Un point faible que le programme devra corriger.
Pour résumer, un outil sans doute puissant à manipuler avec précaution.