Jour J

Je suis rentré de Suisse hier. Quelques jours à l’EPF de Lausanne. Je n’avais pas mis le pied sur le campus depuis 7 ans. De nouveaux bâtiments ont surgis mais le campus reste toujours aussi agréable avec une vue sur le lac Léman et les montagnes enneigées. J’ai été impressionné par les expériences et les équipements de la division Plasma. Et cette fois-ci j’ai pu voir le Tokamak TCV et les installations qui le complètent, dont un injecteur de neutres pour le chauffage de la décharge et la génération de courant. Là, je suis dans le train en partance pour l’ESA aux Pays-Bas où je vais séjourner toute la semaine.
Pas vraiment le temps de souffler. Mais j’ai voté. En fin de matinée. Impossible de ne pas participer. C’est mon fils qui a glissé l’enveloppe dans l’urne, fiers de son geste. Aucune surprise à attendre de mon côté. Je soutiens E. Macron et son programme depuis des mois. C’est le seul candidat que je sens capable de bousculer les choses et les codes, de remettre mon pays sur les rails, de dynamiser et revitaliser une Europe mourante.

Au cours des derniers mois j’ai pu discuter des élections présidentielles françaises avec de nombreux collègues étrangers. On est tous plus ou moins d’accord. Non pas sur le meilleur candidat pour le poste, quoique, mais sur le niveau lamentable de la campagne au cours de laquelle de multiples sujets d’importance sont restés non traités à leur juste valeur (recherche, défense, Europe, TI et IA, changements climatiques, diplomatie internationale, écologie…), sur l’absurdité d’avoir onze candidats dans un pays réellement démocratique, sur la possibilité que deux candidats extrémistes accèdent au pouvoir, en concédant néanmoins que l’arrivée du FN serait une catastrophe bien pire.
Une chose m’a frappée durant ces discussions, souvent passionnées. La peur partagée par tous, et une certaine tristesse, pour ne pas dire un certain désespoir, d’être tombé si bas. J’en suis arrivé à la conclusion que beaucoup de gens ne réalisent ni ce qui ce joue aujourd’hui, ni la portée de leur geste. Le sort de la France, bien sûr, mais aussi celui de l’Union Européenne. Et par effet ricochet, probablement celui de la planète et de notre civilisation. Je ne pense pas exagérer. Après le Brexit, le sabotage et le grignotage opérés par la Russie, l’élection de D. Trump, l’arrivée au pouvoir de nationalistes dans plusieurs pays et la globalisation du terrorisme islamiste, c’est à un basculement, que dis-je, à un naufrage qu’il faut peut-être se préparer.

Dans quelques heures, nous serons en partie fixés. Va-t-on éviter le pire des scénarii, à savoir un deuxième tour qui verrait s’affronter F. Fillon et M. Lepen ? Pourquoi le pire me direz-vous ? Parce que tout le monde ne réagira pas comme moi si une telle situation se produisait. J’irais voter, le cœur lourd, résigné, mais pour mon pays et mon fils je soutiendrais F. Fillon. Pas d’autre choix possible à mes yeux. Mais que feront les autres, en particulier les sympathisants et électeurs de la gauche et de l’extrême gauche ? Seront-ils courageux ? Je le souhaite mais rien n’est moins sur. Alors « le pire » car ce scénario reste pour moi celui qui pourrait voir l’extrême droite, celle qu’a combattu mon grand-père maternel, celle qui nous conduira à l’obscurantisme, prendre le contrôle du pays des Lumières et des Droits de l’Homme. La chute. Terrible chute.
Alors j’attends.

3 commentaires

  1. Ce n’est pas le fait que 11 candidats aient eu envie de participer à l’élection présidentielle française qui a un caractère absurde. C’est avant tout le mode de scrutin utilisé qui impose ses travers et ses limitations à cet exercice démocratique :
    – augmentation significative des chances que le paradoxe de Condorcet puisse se manifester,
    – encouragement infantilisant au vote non sincère,
    – prime au vote manipulateur,
    – extrême sensibilité aux multiples candidatures dites de division.

    Il suffit pour montrer ce dernier point de penser que des jumeaux parfaitement identiques en talents et convictions exprimées, porteurs tous deux des mêmes idées majoritaires dans le corps électoral, n’ont dès lors qu’ils sont simultanément candidats, aucune chance pour l’un d’entre eux d’être élus.

    Une remarquable solution à cette impasse est de promouvoir un scrutin du type de celui par « Jugement majoritaire », analysé et proposé par messieurs Michel Balinski et Rida Laraki, professeurs et chercheurs à l’école polytechnique.
    Ce mode de scrutin encourage le vote sincère, est quasiment insensible aux candidatures jumelles, ne donne aucune prime au vote manipulateur et rend la survenue du paradoxe de Condorcet très improbable.

    Dire qu’un pays ne serait pas réellement démocratique car onze candidats se présentent à une élection présidentielle, sans songer à interroger le « non dit » du mode de scrutin, me parait témoigner du même travers qui conduit par exemple à ne jamais s’interroger sur l’origine de certaines lois considérées comme des dogmes en physique …

  2. Je n’ai pas écrit que la France n’est pas un pays démocratique. Lisez bien. Je prétends que proposer 11 candidats à une élection aussi importante est inutile et dangereux dans un pays où chacun peut s’exprimer librement sur tous les sujets. Et je pourrais ajouter qu’en effet cela provient en partie de la méthode de vote employée (vous citez le paradoxe de Condorcet à juste titre).

    Je ne considère pas que les lois de conservation dont vous parlez soient incontestables et intangibles. Je maintiens qu’il faut être très prudent au stade de connaissance et d’expérimentation où en est notre civilisation. Cela signifie qu’il est nécessaire de vérifier scrupuleusement les sources d’erreur potentielles. J’estime que cela n’a pas été fait dans le cas de l’EM-Drive, loin de là. C’est la raison pour laquelle l’article n’aurait pas du être accepté dans JPP. Un tel acte discrédite et dévalue la relecture et l’appréciation par les pairs, pilier de la Science.

    1. Vous admettez maintenant que vous auriez pu ajouter que cela vient du mode de scrutin.

      Ca aurait été en effet la moindre des choses que d’essayer de justifier cette énormité proférée sur le danger et l’inutilité d’avoir onze candidats. Si vous aviez essayé de construire un raisonnement au lieu d’asséner une simple opinion, vous auriez peut-être réalisé qu’en fait, le paradoxe de Condorcet peut se manifester dès la présence de 3 candidats et cela aidant, vous auriez avec un peu de chance, pu dépasser l’exercice dérisoire de la restitution gratuite d’une simple opinion.

      Il reste toutefois dans votre réponse cette expression « en partie » dont on a pas la moindre idée à quoi elle renvoie. Bis repetitas ?

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