L’Homme en bleu

Il était malgré lui devenu une figure de ma ville natale, Limoges, avec son bleu de travail, ses bottes en caoutchouc et son vieux vélo. Il pédalait tous les jours, que le soleil brille, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse chaud ou froid, traversant la ville au milieu du trafic. Je l’ai croisé des centaines voire des milliers de fois dans ma jeunesse dans le quartier du Sablard où j’ai grandi. Il m’a accompagné au quotidien sans même le savoir.

L’Homme en bleu, comme les limougeauds le surnommait, n’est plus de ce monde. Jean-Marc Chatard, de son vrai nom, a été tué il y a quelques jours à Eyjeaux renversé par un automobiliste. J’ai été profondément touché et ému par cette triste nouvelle. Je ne m’y attendais pas. Je m’étais sans le savoir attaché à lui, à ce symbole et à ce qu’il représentait : la simplicité, une forme d’abnégation, le courage d’affronter les éléments et les autres. Un avangardiste, sans qu’il le sache, sans que je m’en doute quand je l’apercevais avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny ou bien avenue du Sablard où j’ai vécu plus de deux décennies. C’était aussi un représentant, un des derniers peut-être, de la classe ouvrière dans la ville où la CGT est née.

Je remercie tous ceux, de Limoges et d’ailleurs, sans la presse, à la télévision et sur les réseaux sociaux qui lui ont rendu hommage. Aux marcheurs qui ont défilé en bleu dans les rues de Limoges. Au maire qui a fait éclairer la Mairie en bleu. Merci. Que l’Homme en bleu repose en paix. Qu’il reste un symbole et un exemple.

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