Le lanceur Falcon 9 de SpaceX s’est élancé dans la nuit de dimanche à lundi depuis la base de Cape Canaveral en Floride. Il a mis sur orbite les satellites de télécommunication Eutelsat 115 West B and ABS 3A.
Il s’agissait pour Falcon 9 du premier vol avec une charge utile composée de deux satellites lourds. Un pas en avant de plus pour SpaceX.
Mais ce vol commercial a une autre particularité qui en fera probablement une pierre angulaire dans l’histoire de l’astronautique. Et qui m’intéresse à titre personnel. En effet, avec ces deux satcoms, le monde vient d’entrer en douceur dans l’ère du satellite « tout électrique ».
Les deux satellites sont basés sur la plate-forme 702SP du géant américain Boeing qui utilise des propulseurs ioniques pour la manoeuvre de transfert d’orbite à la place d’un propulseur chimique. Grâce à la haute impulsion spécifique des moteurs, la masse de carburant est significativement réduite. La masse d’ABS 3A au lancement était de 2000 kg et celle d’Eutelsat 115 West B de 2200 kg. Soit un gain d’environ un facteur 2 par rapport à un satellite standard. C’est d’ailleurs cette réduction de la masse qui a permit à Falcon 9 d’emporter les 2 satellites en tandem. L’avantage de la propulsion électrique est donc ici pleinement démontré en grandeur nature : une réduction significative de la masse du satellite et donc un gain financier important pour l’opérateur.
La plate-forme 702SP est équipée de 2 paires de propulseurs ioniques à grilles XIPS développés pas la société américaine ETI pour Electron Technologies, Inc.
Le XIPS est un propulseur au xénon avec un diamètre de grille de 25 cm. Il opère à 4,5 kW en mode forte poussée. Dans ce régime il délivre 165 mN de poussée avec une Isp de 3500 s.
Les spécialistes vont désormais suivre avec attention la manoeuvre de transfert d’orbite des deux satcoms vers l’orbite géostationnaire qui va prendre 6 mois pour ABS 3A et 8 mois pour Eutelsat 115 West B. C’est le point faible actuel de la PE : une longue durée de transfert due à une faible poussée.
L’entrée dans l’ère « tout électrique » sera un véritable succès et un jalon si et seulement si cette manoeuvre réussit.