Q-Cells plonge

L’entreprise Q-Cells, numéro un de la fabrication des cellules solaires en Allemagne, va prochainement déposer le bilan et laisser plus de 2000 salariés dans l’incertitude. Q-Cells n’est qu’un exemple parmi d’autres.  Le boom de l’énergie solaire est peut-être derrière nous en Europe. Les fabricants font faillite et disparaissent les uns après les autres. Les projets tombent à l’eau dans tous les pays. Aucun expert du « green business » n’avait vu venir cet effondrement, bien au contraire.
La faute à quoi ? A qui ?

L’arrêt des subventions des gouvernements pour l’énergie solaire photovoltaïque a mis un frein certain à l’engouement pour le solaire en Europe. En période de rigueur budgétaire les états ne peuvent plus se permettre de soutenir l’industrie du photovoltaïque comme ils l’ont fait ces dernières années. Il faut dire que le succès avait été franc dans tous les pays, dépassant toutes les prévisions.

Et puis il y a la Chine, encore et toujours, et pour longtemps. Les produits allemands ne sont plus compétitifs. Très bientôt le marché mondial de l’énergie solaire sera dominé par les chinois qui affichent sans fard leur ambition. Que va-t-il donc nous rester ? Le gaz de schiste ? La fission nucléaire ? Les agro-carburants ?
L’exemple de Q-Cells et consorts doit nous conduire à la prudence et à la réflexion. Premièrement, il ne faut peut-être pas rejeter systématiquement les sources classiques ou leurs dérivées. Il faut trouver un juste équilibre entre écologie, lutte contre le réchauffement climatique et économie. Deuxièmement, il faut une politique européenne commune pour l’énergie afin d’harmoniser les subventions, financer des grands projets et protéger nos entreprises.

La chute du géant allemand Q-Cells révèle un point sur lequel je méditais dans un de mes récents billets : l’éternel problème du coût du travail. Avec les règles du jeu économique actuelles, un ouvrier européen ne sera jamais compétitif face à un ouvrier chinois, indien, africain, indonésien… Alors que faire ? Faire pression sur les hommes politiques et les décideurs pour que les règles soient modifiées afin que chacun y trouve son compte.
Ça tombe bien, il y a l’élection présidentielle dans trois semaines.

2 commentaires

  1. Je ne sais pas trop pour l’Allemagne, mais pour la France, un peu plus.
    Effectivement, les aides à l’installation de panneaux photovoltaïques ont pour ainsi dire disparues.
    Mais c’est surtout le fonctionnement légal (si j’ose dire) d’une installation qui donne un frein à la mise en place de ces systèmes.
    Si vous faites construire une maison, avec sur le toit quelques panneaux, l’énergie ainsi fabriquée n’est pas utilisée directement dans votre maison, mais est revendue à EDF (en gros).
    C’est la loi.
    Le montant est alors déduit de votre facture de consommation. Or le prix d’achat de l’électricité que vous fabriqué par EDF a été considérablement réduit ces derniers temps, ce qui entraîne un amortissement des installation sur 20 ans (environ) au lieu de 10 (environ) auparavant.
    Il se dit qu’ EDF justifie cette baisse à cause de ses investissement sur l’éolien et qu’il ne peut plus supportait le coût de rachat dans ces conditions.
    Rumeur ou réalité……je ne sais pas.
    De plus, il n’y a pas assez de recul sur la longévité des matériels sur une aussi grande période, tant sur la résistance aux intempéries que sur leur capacité à garder un rendement élevé (donc une production) sur une aussi longue période.
    Si l’on rajoute la méthode de production qui demande effectivement beaucoup de main d’œuvre, on arrive à un résultat qui rend de plus en plus cher une installation de ce type.
    Mais là aussi la science et les technologies avancent, avec le solaire souple et surtout de nouveaux matériaux qui doivent augmenter le rendement des installations (on parle d’atteindre, voir dépasser les 60% contre 47 ou 48% actuellement).
    Le passage de la recherche à l’industrialisation est long, tu le sais mieux que moi.
    Mais il est clair, du moins pour la France, que la régression du développement du solaire est une décision largement imputable à la politique et aux lobbying.

  2. Ton analyse est juste, Alex.
    La diminution des subventions (prix élevé du kW racheté) est un choix politique. Mais dans une Europe en crise on ne pouvait sans doute pas faire autrement que de baisser les aides.
    Je reste tout de même septique sur l’énergie solaire photovoltaïque à moyen terme. Le rendement des cellules actuelles est faible, la technologie est complexe, polluante et fait appel à des métaux rares et la durée de vie des panneaux est courte (l’efficacité diminue à partir d’environ 5 ans, ce qui est rarement pris en compte dans les calculs de bilan énergétique).
    Je parierais plutôt sur le solaire thermique, sur l’éolien et l’hydrolien. Bien sûr, un percée technologique (cellule solaire organique bon marché) pourrait changer la donne.
    Je maintiens toujours que le charbon  » propre  » sera une source d’énergie dominante très prochainement.

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