Mauvaise surprise grecque

Les dix-sept chefs d’Etat et de gouvernement de la zone Euro ont réussit la semaine dernière à s’accorder sur une réponse d’ampleur à la crise de la monnaie unique et des dettes. Trois résolutions ont été prises :

– L’effacement de la moitié de la dette grecque (100 milliards d’euros) pour la ramener à 120% du PIB à l’horizon 2020,

– Une recapitalisation des banques à hauteur de 100 milliards d’euros pour permettre à celles-ci de renforcer leurs fonds propres (en parallèle les banques sont invitées à réduire les dividendes et les bonus versés),

– Le renforcement du Fond Européen de Stabilité Financière (FESF). Ce dernier doit être porté à 1000 milliards d’euros. Pour atteindre l’objectif, l’Europe va devoir se tourner vers le FMI et les BRIC. L’intervention probable de la Chine a fait naître une forte polémique. De mon point de vue, le rachat d’une partie de la dette européenne par les chinois n’est pas une mauvaise action. Cela est préférable à un affaiblissement sans fin de l’UE. L’aide chinoise sera naturellement apportée sous conditions. Mais n’oublions pas que si nous avons besoin des capitaux chinois, la Chine a besoin d’une Europe qui consomme. D’autre part, qu’on l’accepte ou non, le Centre bascule du côté de Pékin et Shangaï.

Les principales places financières de la planète avaient réagi très positivement à ces « accords de la dernière chance ». On pouvait alors croire que le pire (un effondrement en chaine des pays européens suivit d’une contagion au reste de la planète) avait été évité. C’était sans compter sur le premier ministre grec, Georges Papandréou.

Ce dernier vient de créer la surprise en annonçant l’organisation prochaine (sans doute en début d’année) d’un référendum sur le plan de sauvetage européen. Il souhaite sans doute mettre son peuple face à ses responsabilités car les citoyens condamnent les décisions du sommet européen qui d’après eux conduisent à une perte de souveraineté. Je peux comprendre le point de vue des grecs qui subissent les plans d’austérité à répétition. Il est vrai que le peuple n’a pas directement été consulté. Mais l’urgence de la situation fait que certains principes doivent être mis temporairement entre parenthèses. Par ailleurs, le gouvernement grec a bien été élu démocratiquement ; il représente ainsi la majorité des citoyens.

G. Papandréou prend là un risque énorme, qui pourrait non seulement faire tomber définitivement la Grèce, mais également entrainer dans la chute l’Europe et le reste du monde.

Le revirement grec a pris tout le monde de court. Les bourses européennes dévissent (-4,7 % pour Paris à 16h30) car les investisseurs craignent une fois encore la sortie de la Grèce de la zone euro et une contagion à l’Espagne, au Portugal et à l’Italie.
J’entends ceux qui disent, de-ci de-là, que les gouvernants ont sauvé l’Euro mercredi dernier, et non l’Europe et ses citoyens et qui se félicitent du choix grec. Je considère pour ma part que c’est une fâcheuse décision et une très mauvaise nouvelle à l’avant-veille du sommet du G20 de Cannes. Sauver l’Euro et répondre à la crise des dettes d’état, c’est sauver l’Europe et ses habitants.

4 commentaires

  1. Il etait temps que quelqu’un demande l’avis du peuple.

    La Grece fait face a son destin, sortir de l’euro et retourner vers une economie de tourisme sans plus de financement europeen.

    Maintenant on peut considerer que l’Italie va tomber avec son taux qui monte de 0.2 a 0.5 pts chaque jour.

    La France deja bien fournie en dette Grecque bat tous les records en dette italienne. Sachant que les politiciens francais depuis 30 ans mentent et achetent les votes des electeurs par des aides sociales ou allocations diverses, emplois territoriaux, financement d’associations etc… presente un deficit de 20% par rapport a ses revenus. On peut penser que la France tombera directement apres l’Italie.

    Je ne pense pas que l’election presidentielle se passera normalement.

    Maintenant le plus interessant est de voir qui detient les CDS de la Grece et Italie. Mon petit doigt me dit que BNP, Goldman Sachs et Societe Generale ne finiront pas l’annee 2012 sans nationalisation ou planche a billet easy quant ou disparition pure et simple.

  2. Voilà une vision très pessimiste du devenir de l’Europe. J’espère sincèrement que tu as tord. On sera très vite fixé.
    Je suis un peu plus optimiste même s’il est évident que les années à venir pourraient être  » un peu moins rose « .

    En ce qui concerne la Grèce, je peux comprendre que l’on demande au peuple son avis (mais j’ai toujours considérer les référendums dangereux car le citoyen lambda répond rarement à la question posée).
    Néanmoins cette décision aurait du être prise il y a longtemps et pas après le sommet européen et la mise sur pied d’un accord. Si les grecs souhaitent sortir de la zone euro avec une dette libellée en euros et couler tranquillement, pourquoi pas, c’est leur choix.

  3. http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/0201456150103-pour-comprendre-la-crise-grecque-183892.php
    Pour bien comprendre la crise grecque même si c’est parfois un peu technique.
    Le soucis, le seul, le vrai, c’est que nous avons accepté de faire entrer la Grèce dans la monnaie unique.
    Par rapport à ça, nous avons décidé d’en assumer les conséquences (plans d’aides), mais les grecs, ou plutôt Mr Papandréou se permet de faire la fine bouche.
    C’est une façon de se suicider politiquement :
    « Allez tous vous faire…….Prenez vos responsabilités, moi je m’en lave les mains car j’en ai ras le pétasos (chapeau grec) ».
    Et la question de la souveraineté est un faux problème puisqu’il s’agit de l’existence même de la Grèce dont il est question.
    Si elle doit être en cessation de paiement, une société comme GOOGLE (?) pourrait alors se permettre d’acheter le pays. Ils en feront quoi de leur souveraineté à ce moment là ?
    Advienne que pourra.

  4. Merci pour le lien, Alex.
    N’oublions pas aussi que les gouvernements grec ont mentit sur les comptes du pays. C’est aussi un pays où la fraude fiscale est très répandue (un sport national) et où l’administration vit largement au dessus de ses moyens (sur ce point la France doit aussi faire attention).

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