Réforme des retraites

Le projet de réforme des régimes de retraite était annoncé dans le programme du candidat E. Macron à l’élection présidentielle du mois de mai 2017. Les français, notamment les syndicats et les partis adverses, ne devraient donc par être surpris. Il a reçu un mandat pour mettre en marche son programme, lui et son gouvernement s’y appliquent. Par contre, en démocratie nous avons le droit – le devoir ? – d’exprimer des critiques (constructives si possible), un mécontentement et des angoisses. Naturellement ceux qui sont à la manœuvre se doivent d’écouter le peuple, de prendre en compte les attentes, d’expliquer encore et encore et de rassurer. Il s’agit de préparer demain et après-demain, et tout changement est anxiogène.
Je regrette juste que certains abusent de leur pouvoir de nuisance et pénalisent grandement la vie des autres, tout ça pour défendre leurs petits intérêts, quoi qu’ils racontent. Je regrette aussi que quelques syndicalistes obtus négocient, au nom des citoyens français – mais lesquels ? – les contours d’un projet d’envergure qui propose de redéfinir une partie de notre mode de vie, rien de moins. Que je sache, avec ou sans moustache, ils n’ont pas reçu de procurations pour cette tâche, qui, de loin les dépasse.

Je commence à me faire une opinion plus claire et plus nette de cette grande réforme des retraites. S’il semble raisonnable et raisonné de modifier le système pour le rendre plus clair, plus simple, plus juste et solide pour garantir un revenu, notamment aux plus démunis et aux plus faibles, pour les décennies à venir, je crois que le gouvernement s’y prend relativement mal même si des efforts sont en cours :
– le discours est resté flou et technique longtemps, ce qui génère une angoisse justifiée,
– un système universel et unique qui engloberait le privé et le public est irréaliste, voire utopique (aucun pays n’a un tel système car les traitements sont très différents)
– des régimes spéciaux doivent être maintenus pour certains métiers (militaires, pompiers…) mais supprimer pour d’autre faute de réelles justifications,
– le système proposé par le gouvernement est basé sur point qui se traduit directement en euros. Cela permet i) de cotiser pour chaque heure travailler et ii) de connaître à chaque instant le montant de sa retraite. Si cette idée moderne est bonne le calcul du point est encore vague et non abouti. Son évolution dans le temps doit aussi être clairement établie.
– inclure la pénibilité me paraît compliqué, voire infaisable car chaque métier à une part de pénibilité, pensons aux ouvriers de bâtiment, coiffeurs, policiers, enseignants, infirmiers…
– si cette réforme a en partie pour but de réaliser des économies, ce que j’appelle la « vision Fillon », et d’encourager les français à souscrire à un système privé complémentaire (e. g. via les fonds de pension) alors le gouvernement doit être honnête et doir justifier ce choix.

Laissons donc nos représentants travailler, proposer une première version et la mettre en place. Cette réforme s’étalera sur des années, voire de décennies, il sera toujours possible de la modifier, de l’adapter et de l’améliorer.
J’invite le lecteur à écouter l’interview de Daniel Cohen (Universitaire, économiste à l’ENS) diffusé le 18 décembre sur France-Culture. Je vous conseille aussi la lecture des rapports du COR qui sont très instructifs et vont plutôt dans le sens d’un simplification/clarification du systèmes des retraites mais sans besoin urgent d’économies.
Enfin je conseille l’écoute en podcast de l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut diffusée sur France Culture intitulée « Aux sources du malheur français ». Tout y est pour comprendre les raisons de notre malheur alors que nous vivons dans l’un des pays les plus riches du monde. En deux mots : complexité et inégalités.

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