J’aurais pu intituler cet texte « Retour ». Je viens de reprendre mes activités au laboratoire ICARE du CNRS après deux mois d’arrêt maladie. Je me suis malencontreusement fracturé sévèrement le plateau tibial (partie haute du tibia) en février dans les Pyrénées. Rapatriement sur Orléans puis opération au CHU avec pose d’une plaque et de plusieurs vis en titane. S’en est suivit une période d’immobilisation totale de la jambe sans autorisation de poser le pied à terre. Cette période fut longue et difficile à traverser quand on fonce tous les jours, quand on a la tête pleine d’idées et d’envies, quant on est libre. Je suis ravi qu’elle fasse désormais partie du passé. J’ai appris à me servir d’une chaise roulante pour avoir un minimum d’autonomie puis de béquilles avant finalement – depuis peu – que je puisse poser le pied, utiliser à nouveau ma jambe et marcher lentement et clopin-clopant. Quelle joie ce fut de pouvoir sortir à nouveau, se promener sur quelques centaines de mètres, croiser des gens et redevenir indépendant et utile un minimum. La fin de ce calvaire en miniature fera hélas un malheureux, notre chien Elvis, qui a pu passer deux mois à plein temps avec son maître.
Cette période a été propice à la réflexion, à la lecture et à la vision de quelques films que je gardais depuis longtemps dans un coin. Le soutien de mes amis et nos discussions m’ont aussi aider à traverser cette période sombre. J’ai travaillé aussi, tous les jours, garder le contact avec mon équipe et le laboratoire. Ecriture d’un article, de rapports, lecture d’articles et d’ouvrages scientifiques, préparation de nouveau projets et gestion à distance de la vie d’une unité et de la recherche en général. En regardant en arrière, je me dis que c’est une chance d’avoir eu cette possibilité, sinon fou je serai devenu à ne presque rien faire et à tourner en rond jours et nuit.
J’ai aussi regardé de mon canapé ou de mon lit le Monde vaciller et être secoué par les décisions incohérentes et souvent bêtes du 45ème et 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique et de sa troupe hétéroclite. On a pas fini de rire et de pleurer. En trois mois il aura démoli une partie de ce que les nations avaient mis des décennies à bâtir, il aura semé la pagaille, il aura installé le doute et renforcé la détestation des Etats-Unis. Sans oublier les décisions prises contre la lutte contre le réchauffement climatique, de quoi envoyer la planète entière vers le chaos plus vite alors que le temps nous manque déjà. Trump II semble en grande forme, ses sbires aussi. Il reste 1400 jours. Que ça va être long… Souhaitons que sous les coups bas, les coups sur la tête et les insultes, l’Europe s’émancipe et prenne enfin son envol.