Rosetta-Philae : un succès pour l’Europe

Je tiens à saluer ici tous les ingénieurs et chercheurs à qui on doit la réussite de la mission de la sonde Rosetta de l’Agence Spatiale Européenne.
C’est un magnifique succès pour l’Europe spatiale. Et une première mondiale.
Moi qui travaille dans le domaine de la propulsion, je mesure pleinement la quantité de travail accumulée depuis 25 ans, les défis technologiques à relever et le stress engendré par les délais et les étapes successives à franchir telles que la construction de la sonde et du robot, le lancement, le voyage à travers l’espace, le réveil du système, la mise en orbite autour de la comète et finalement la descente et l’atterrissage du robot.
Vraiment, quelle prouesse quand on y songe. Allez se poser sur une comète et sonder son noyau !
Il faut imaginer la sonde Rosetta en orbite autour de Tchourioumov-Guérassimenko larguant le petit robot Philae à plus de 500 millions de kilomètres de la Terre, c’est à dire sans contrôle possible en temps réel. Et Philae de se poser et de commencer ses analyses. Même si la durée de vie de Philae sera finalement plus courte que prévue, il a été mis en sommeil cette nuit faute d’un flux lumineux solaire suffisant, nul doute que les données recueillies feront progresser l’humanité sur la compréhension de la formation de notre système solaire et sur l’origine de la vie sur Terre.
J’attends désormais avec hâte l’année 2016 avec le départ de la sonde Bepi Colombo vers Mercure.

Nous avons naturellement suivit avec mon équipe l’arrivée de Rosetta autour de la comète « Tchouri » et le périple du robot Philae, de son largage à son extinction. Les discussions et les débats sur l’intérêt, la signification et l’apport de la mission furent passionnés et riches.
Voici résumé mon point de vue.
Il y a deux façons d’envisager cette expérience scientifique de grande envergure.
1) On peut y voir un bel accomplissement qui démontre le niveau de compétence et d’intelligence de l’espèce humaine et les progrès accomplis depuis le lancement du satellite Spoutnik 1 en 1957. Nous sommes prêts à explorer et à conquérir notre système solaire. L’Homme va repousser les frontières de son monde.
C’est une vision que l’on peut qualifier de positive. On peut donc lui opposer une vision négative.
2) Nous n’en sommes que là ! Il nous faut 25 ans pour envoyer un robot de quelques kilogrammes se poser de manière périlleuse sur un petit caillou a seulement 500 millions de kilomètre de la Terre alors que notre système solaire a une taille supérieure à 1010 kilomètres. Dans l’ensemble nous n’avons envoyé que quelques sondes explorer les planètes proches, nous avons posé des rovers sur la Lune et sur Mars et seulement une poignée d’hommes a foulé le sol lunaire, notre proche banlieue. Nous sommes donc très loin du scénario du film Interstellar. Nous ne pouvons aller nulle part. Nous n’avons pas encore la technologie qui autorisera l’Homme a vraiment s’échapper. L’aurons-nous d’ailleurs un jour ?
Que faut-il conclure de cette version ? Que nous sommes condamnés pour les décennies à venir (les siècles ?) à rester et à vivre sur notre petite planète bleue, seul vaisseau spatiale à notre disposition. Nous devons donc la protéger et la ménager à tous prix pour qu’un jour lointain nos descendants puissent enfin partir à la conquête de la Galaxie et à la recherche de la vie extraterrestre.

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