Sérotonine

J’ai terminé il y a quelques jours la lecture du dernier roman de Michel Houellebecq intitulé « Sérotonine » que j’avais acheté le jour de sa sortie car je suis un amateur de celui que je considère comme l’un des grands écrivain français contemporain.

Ce n’est pas le meilleur texte de Houellebecq. Je préfère « La carte et le territoire », « Soumission » ou « Plateforme » que je trouve plus aboutis, cependant je conseille, pour ne pas dire je recommande, sa lecture. D’abord par ce que c’est du Houellebecq, avec des mots crus, des visions sans fard, des phrases sans fin et une histoire ancrée dans le réel qui traite du monde actuel, plus précisément de la France. Je devrais dire d’une vieille France qui perd de sa superbe au fil des jours, une France qui a décroché faute de réformes et d’ouverture d’esprit, une France paralysée face aux changements qui se retrouvera prochainement à la traîne, sans influence aucune, ni sur le cours de l’histoire ni sur son propre sort et celui de ses citoyens.

Houellebecq aurait pu intituler son roman « La chute » car c’est bien de lente agonie et de fin qu’il parle. Florent-Claude, le narrateur, ingénieur agronome de formation, quadragénaire sous Captorix est à mi-chemin de sa vie. Il réalise un beau matin que son passé, déjà médiocre, comme celui de son pays natal sera toujours mieux que l’avenir vers lequel il se dirige malgré lui car à bout de force et d’envie, car sans motivation, sans projet, sans but et rongé par le désespoir (de n’avoir pas osé ? d’avoir fait de mauvais choix ?).
Florent-Claude va mourir de tristesse, emporté par les regrets malgré quelques tentatives de rebond dans un pays qui s’effondre au milieu d’un monde qui bascule.

C’est drôle, brillant, réfléchi, documenté et bien écrit. Un roman qui de plus tombe à point à l’époque des Gilets Jaunes et de leur mouvement sans fin et sans solution. Il y a des longueurs, des passages sans grand intérêt (à l’inverse de ses autres créations, d’où une certaine déception) mais on se laisse emporter par l’histoire car  on veut connaître le point de vue de Florent-Claude sur la société et savoir quand, où et comment, après les paysans, lui aussi va mal finir.

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