Soumission

Soumission. Le dernier roman de Michel Houellebecq.
Sorti en librairie le 7 janvier dernier. Surprenante et triste coïncidence.
Je l’ai acheté le jour même. Houellebecq est l’un de mes écrivains favoris. J’attendais donc son dernier ouvrage avec impatience. Lu en trois jours. Je ne fus pas déçu.

C’est l’un de ses meilleurs ouvrages, du niveau de précédentes oeuvres telles que Les particules élémentaires, Plateforme et La carte et le territoire.
J’ai lu et entendu beaucoup de critiques sur Soumission, parfois très sévères et virulentes. Peu d’éloges jusqu’ici. Est-ce un pamphlet contre l’Islam ? Non. Y détecte-t-on des relents de racismes ? Non plus. C’est une vision du monde de demain que nous propose là Houellebecq. Un scénario possible pour demain parmi de nombreux autres. Ni plus ni moins que la fin de la civilisation européenne bien-pensante et la revanche des humiliés. La fin de nos démocraties. Est-ce réaliste ? Je vous laisse juger. Mais j’ai trouvé l’histoire crédible, le changement de paradigme possible, même si je crois que cela ne se ferait pas sans heurts, sans violence extrême, contrairement à ce que décrit l’auteur.

Et puis, ce que je n’ai pas assez lu, c’est que ce livre est assez drôle grâce à l’histoire de François, personnage principal et narrateur, qui traverse la France et ce moment d’Histoire. F. est un professeur d’Université d’un quarantaine d’années, spécialiste de l’écrivain Joris-Karl Huysmans (dont je n’avais jamais entendu parlé avant). F. est triste, désabusé et il s’ennuie. Finalement, les bouleversements auxquels il assiste vont lui redonner espoir et l’ouvrir à une nouvelle vie. J’ai aimé en particulier la description du petit monde universitaire parisien des lettres et des sciences humaines, un peu à replié sur lui même et à rebours.

Finalement, Soumission donne à réfléchir à travers plusieurs questions.
L’Europe peut-elle s’en sortir sans un leader, un chef charismatique, un homme misant sur le long terme ? Et si cet homme prônait une vision autre que celle imposée par les occidentaux depuis des siècles, son projet serait-il pour autant moins bon ?
Jusqu’où sont prêts à aller les hommes et les femmes politiques pour garder leur place, un peu de pouvoir et de notoriété ? Quels idéaux peuvent-ils abandonner ? Avec qui sont-ils prêts à s’associer ? Le grand basculement que l’auteur décrit repose sur ce point précis.
L’homme du XXIème siècle, confortablement installé dans une vie lisse, est-il un animal complaisant qui s’arrange rapidement de la situation si son confort personnel n’est que peu impacté, voir amélioré ? Jusqu’ici, l’Histoire a montré à plusieurs reprises que la réponse peut-être oui.

2 commentaires

  1. Il faut absolument que tu le lises. J’aimerais sincèrement avoir ton point de vue.
    Je te le passe dès que l’on se voit.

    Quant à Siryza, en effet il y a beaucoup à dire. Je ne crois pas que son leader, Alexis Tsipras, tiendra beaucoup de ses promesses de campagne. Il a fait une liste, pour conquérir le peuple grec qui vie dans le déni. Mais il n’a pas l’argent qui va avec, loin de là.
    Je comprends les grecs qui vivent une situation difficile. Mais je trouve dommage qu’ils tombent dans un piège démago. Remarque, avaient-ils vraiment le choix ?

    L’histoire récente de la Grèce en dit long sur la politique dans ce qu’elle a de plus détestable. Les hommes politiques devraient conduire un pays vers son futur. Il n’en est rien, hélas. Les pauvres grecs récoltent le résultat d’années de politique d’insouciance de leurs chefs. Et ce que j’écris vaut pour d’autres pays, dont le notre. En ne changeant rien, on court à notre perte. Le monde a changé, profondément, les français ne l’ont pas encore compris.

    Bises.

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