L’ère de l’après pétrole

C’est le titre d’une émission diffusée dimanche dernier en début de soirée sur La Chaîne Parlementaire (LCP) que j’ai regardé avec plaisir et intérêt. Je réagis, certes, un peu tardivement faute d’un emploi du temps très chargé – j’étais par exemple hier à Paris pour sélectionner les lauréats des trois prix Jeunes Chercheurs de la SFP –  mais vieux vaut tard que jamais comme le dit l’adage.
Cette émission, à laquelle participait entre autres l’ancienne ministre et députée européenne du MoDem Corinne Lepage, était divisée en deux parties : un documentaire très intéressant et très documenté sur les diverses alternatives au pétrole avec la vision de différents experts venant des quatres coins du globe suivit d’un débat avec des personnalités de divers horizons mais ayant des connaissances du sujet.

D’abord, deux faits, ou vérités, sont à retenir et prendre en compte :

– il n’y a pas d’alternative directe au pétrole et au gaz naturel, c’est à dire qu’il n’existe pas une source d’énergie qui serait abondante, facile à exploiter et a transporter et avec un bon rendement énergétique. Et quid de l’hydrogène me diront certains ? Ce vecteur est peu disponible sur terre – il n’est d’ailleurs pas utilisé par la Nature – et il faut donc le produire sans doute par électrolyse de l’eau ce qui de tous points de vue coûte cher. En outre, il est difficle à transporter et à stocker. Ce n’est pas à mes yeux la solution miracle ; je n’y crois tout simplement pas.

– il faut donc développer et mélanger habilement toutes les sources possibles : fission nucléaire (mais c’est très limité et cela demande une gestion complexe du cycle), éolien, énergie solaire et gravitationnelle (marées), géothermie, biocarburants (uniquement de deuxième génération pour ne pas mettre en balance l’alimentation de la population mondiale) et biomasse, cours d’eau et hydroélectricité, charbon (après avoir résolu le problème de la pollution et de l’émission de CO2) et cetera. Les piles à combustible sont pour moi des sources secondaires qui permettent uniquement un transfert d’énergie ; elles joueront sans doute un grand rôle dans le transport.
Il faut aussi considérer comme source les économies d’énergie qui sont potentiellement très importantes, surtout dans les pays développés.
Il va aussi falloir, et c’est certainement vital, prendre en compte les propriétés et le potentiel local ou régional. En deux mots, utiliser du soleil là où il brille et des éoliennes là où il y a du vent. C’est un changement radical de structure et d’organisation qui s’annonce.

Ensuite, une remarque ou un constat, qui est sans doute passé inaperçu pour la plupart des téléspectateurs mais qui a marqué mon esprit en tant que physicien des plasmas.
Pas un seul mot sur la fusion thermonucléaire contrôlée qui consiste à produire de la chaleur par la fusion d’atomes  légers (on mise actuellement sur la réaction deutérium-tritium, deux isotopes de l’hydrogèen, qui a un seuil de déclenchement relativement bas) ! C’est vrai que l’on est encore loin d’un réacteur capable de produire de l’énergie de manière rentable sur une longue période. Les premiers résultats obtenus avec le réacteur expérimental ITER, en cours de construction à Cadarache, arriveront dans une quinzaine d’années et il faudra ensuite construire un premier prototype industriel. Donc, pas avant 2050 au mieux. Je sais que la route est longue, sinueuse et semée d’embuches et que de nombreux spécialistes restent prudent, mais ça vaut le coup d’essayer.

3 commentaires

  1. Heu… comment dire Stephane….

    Le Pere Noel n’existe pas 🙂

    La fusion magnetique thermonucleaire pour produire de l’energie en continue de facon industrielle c’est NO WAY

    Je me rappelle que le directeur de JET avait balance une phrase qui m’avait interpelee. Il disait qu’il fallait passer directement a la production d’energie par anti-matiere au lieu de continuer a faire des TORE supra et ITER et encore et encore.

    Je me suis dit encore un qui a les yeux plus gros que le ventre. Et puis en lisant un peu, on est loin mais pas forcement plus que la fusion. et puis l’avantage c’est que c’est reellement propre pas comme la fusion.

    Un indice……..A Livermore ils font beaucoup de Z-pinch, on se demande bien pourquoi….

  2. Je ne suis pas d’accord avec toi, Luc.
    Je pense qu’il est encore trop tôt pour savoir si, comme tu l’écris, c’est vraiment No Way ! Attendons les resultats d’ITER. On aura alors une vision plus juste et plus affiné des progrès technologiques à accomplir. Je sais qu’il existe de nombreux verrous (on peut citer par exemple le confinement du plasma, l’érosion des parois, la production de tritium, l’extraction de l’énergie…), mais il serait stupide d’abandonner maintenant alors que nous n’avons pas toutes les réponses.
    Il faut aussi à mes yeux ne pas mettre tout de suite le confinement inertiel à la poubelle. L’idée peut paraître folle, mais si la technologie des accélérateurs de particules (électrons ou positons) fait prochainement un bond en avant grâce à l’accélération par impulsions laser ultra-brèves, alors on pourra remplacer les couteux et complexes laser mégajoule.
    En ce qui concerne la production d’énergie à partir d’anti-matière, pourquoi pas, mais à très long terme. Quand on voit ce que coûte actuellement la production et le stockage d’anti-particules on est très loin d’obtenir un bilan positif.
    Tu crois donc que les travaux des américains sur les Z-pinch vont dans ce sens ? C’est une possibilité. On peut aussi utiliser un Z-pinch pour la fusion. D’ailleurs, avoir tout misé sur le Tokamak était peut-être une erreur. Je suis ainsi ravi que les allemands aient décidé de développer un Stellarator. Il ne faut pas se limiter ; au contraire il est nécessaire de proposer des choses originales et d’aller tout azimut.

  3. Ouahou, les gars !!!
    En gros, vous nous dites que nous ne savons pas où nous allons, qu’on cherche encore ?

    Que je sache, le vent n’est pas toujours régulier, les marées ne sont pas partout les mêmes, le chauffage dépend de l’activité ou non d’un volcan et le rendement photo-voltaïque n’est pas des plus génial, me semble-t-il.

    Il est bien loin le temps des Tryphon Tournesol, Professeur Bellepomme et autres Géo Trouvetou qui faisaient de l’énergie miraculeusement dans leurs labo………..et ça me manque.

    Existe-t-il quelqu’un qui peut me promettre que je ne serais pas obligé de pédaler ou bien d’avoir recours au crédit pour m’éclairer en 2050 ?

    Je parle juste de la lumière, puisqu’avec le réchauffement climatique, je chasserai le lion depuis m’a fenêtre et j’aurai donc des fourrures pour la nuit., et pour les chaussons, je fais du 38 en kangourou.

    Vous me faîtes quand même un peu peur dans vos commentaires.

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