Je ne crois pas en un Islam modéré

Il y a eu le printemps arabe puis la chute et la mort de Kadhafi. Les peuples d’Afrique du Nord allaient enfin s’émanciper de la dictature et prendre en main leur destinée. Le mouvement était lancé, la Syrie et les autres finiraient par basculer du côté de la démocratie, de la lumière. Les semaines sont passées. La joie et l’euphorie sont retombées. Les peuples ont parlé. Je crains un retour rapide et violent de l’obscurantisme.

Il est venu le temps légitime des élections en Egypte, en Tunisie et au Maroc. Je comprends la joie et la fierté de ces populations. Mais je ne sais pas si les citoyens sont réellement conscient du danger qui les menace à nouveau. Partout, les islamistes ont remporté haut la main les scrutins. Il n’y a rien d’illogique à cela. Ils représentent la seule force organisée et réellement présente sur le terrain depuis des décennies. Ils tiennent un discours simple et rassurant. Ils profitent aussi de la désorganisation des partis démocrates et libéraux qui n’ont su ni s’organiser ni s’entendre. S’il devait y avoir des élections libres demain en Syrie ou en Algérie, nul doute que les mêmes gagneraient.

Seulement voilà, il n’existe pas de demi-charia. La montée en puissance de l’Islam dans ces pays fraîchement libérés de leur tyran – le CNT ne déclarait-il pas aussitôt la guerre terminée que la charia serait désormais la source principale du droit en Libye – n’augure rien de bon à mes yeux. Je ne crois pas en un Islam modéré lorsqu’il s’agit de pouvoir. Cela vient peut-être de mon éducation profondément laïque.

Le Maghreb est-il une région maudite ? Va-t-on se retrouver avec un bloc fondamentaliste sur la rive sud de la mer Méditerranée ? Je ne le souhaite pour rien au monde. Que les fruits des révolutions en Afrique du Nord reviennent aux peuples qui ont défié et combattu leurs oppresseurs. Que la liberté si chère payée ne leur soit pas volée.
Le temps apportera la réponse. Que l’on me prouve que l’Islam est compatible avec les notions de libertés et de progrès. Que l’on me prouve que modernistes et religieux peuvent vivre en paix côte à côte. Je n’attends que ça.

2 commentaires

  1. Argh, ton post me met en rage… Viens de notre côté et ta vision des choses sera peut-être moins européano-centrée ! Sache aussi que la Syrie n’est pas au Maghreb, ni de l’autre côté de la Méditerranée.
    Ne te lance pas stp sur des sujets tels que celui-ci, c’est trop glissant, notamment par les temps qui courent où même les grands spécialistes n’osent se prononcer sur « l’après »…
    Joyeux Noël !

  2. J’attendais une réaction de ta part. Merci Isa !
    Je sais que la Syrie n’est pas au Maghreb. J’ai écrit  » rive sud de la Méditerranée « .
    J’exprime mon point de vue. Certes, je ne vis pas sur place et j’ai conscience que ma vision est sans doute un peu troublée. Mais je crois en la montée en puissance d’un islam fondamentaliste en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

    Je viens de terminer la lecture du dernier ouvrage de Martine Gozlan intitulé  » L’imposture Turque « . A lire. Je partage la vision de cette femme qui voyage sur le modèle turc auquel on fait souvent référence et sur l’illusion d’un islam modéré . Mon séjour à Istanbul en juin dernier (lors des élection législatives) m’a conforté dans ce changement en cours. Comme elle, je crois que l’après printemps arabe sera volé à cette jeunesse qui s’est battue pour la liberté des peuples. A moins que celle-ci ne se laisse pas faire. Mais se sera difficile car les islamistes sont bien implantés et il ne faudra pas compter sur l’aide d’un occident en pleine crise et encore moins sur celle de la Chine et des autres  » Emergents « .

    Il faudra un jour que l’on confronte de visu nos points de vue. Désolé pour notre rendez-vous manqué sur Paris. mais il y aura bien d’autres occasions.

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