La Grèce en faillite

Le Parlement grec a voté, mercredi et jeudi, par une courte majorité (155 voix contre 136), le plan de rigueur draconien présenté par le gouvernement socialiste de Georges Papandréou. Ce programme d’austérité prévoit 28 milliards d’euros d’économies budgétaires en quatre ans (pour moitié dues à des hausses d’impôts et pour moitié à des réductions des dépenses publiques) et une rafale de privatisations susceptibles de rapporter 50 milliards d’euros.
La Zone Euro va donc débloquer la prochaine tranche des 110 milliards d’euros sur trois ans promis dans le cadre du plan d’aide à la Grèce en mai 2010. Cette fois-ci des établissements banquaires privés belges, allemands et français vont participer à cette opération dont l’objectif  est d’éviter la faillite immédiate du pays.

Le feu vert du Parlement grec au plan d’austérité a été accueillit par des grèves, des manifestations et de violentes protestations. Les mouvements vont sans doute se poursuivre dans les jours et semaines à venir. Peut-être même s’intensifier.
J’entends la foule grecque brisée, à bout. Je comprends la jeunesse de ce pays dont on hypothèque l’avenir. Elle a perdu tout espoir de lendemains heureux. Les grecs sont lucides et raisonnables ; ils ont bien sûr compris que leur pays était ruiné, déjà en faillite malgré les beaux discours de l’Europe et du FMI. L’aide promise – mais à quel prix – ne sert qu’à gagner du temps en attendant une solution miraculeuse venu du ciel (1). Il faudra probablement, dans un an ou deux, renflouer encore les caisses vides de l’état car le plan proposé est absurde : il anéantit toute possibilité de croissance économique. Et sans croissance, par de rentrée d’argent dans les coffres.
Mais à mes yeux il y en encore plus grave. Les créanciers et les agences de notation – cela même qui sont à l’origine de la plus grave crise financière que l’humanité ait connu – obligent le peuple grec à se séparer de ses biens. L’état va devoir vendre au secteur privé ses entreprises et une partie de ses services. Il ne lui restera alors pratiquement plus rien. La Grèce sera bientôt le premier pays de la Zone Euro où l’état aura disparu, dans le sens où il ne jouera plus aucun rôle. Quid alors de la démocratie sans un état pour garantir l’égalité, la justice et la sécurité ?

(1) N’aurait-il pas été plus sage pour l’Union Européenne de faire sortir la Grèce de la Zone Euro au début de la crise lui donnant ainsi la possibilité de dévaluer sa monnaie, donc de réduire sa dette, et de redevenir compétitive, donc de générer de la croissance ?

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