Thomas Piketty refuse la légion d’honneur

C’est la grande nouvelle – le buzz – de ce début d’année 2015. L’économiste français Thomas Piketty a fait savoir qu’il refusait sa nomination au grade de chevalier de la légion d’honneur. Hors du cercle des économistes et des universitaires, monsieur Piketty est surtout connu pour être l’auteur de l’essai intitulé « Le Capital au XXIe siècle » qui s’est vendu à travers le monde à plus de 1,5 millions d’exemplaires.

Je soutiens l’économiste dans sa démarche alors que son acte est loin de faire l’unanimité. Il explique son geste par l’absurdité de voir les récipiendaires de la légion d’honneur choisi par les membres du gouvernement, dont bien sûr le Président de la République. Au-delà de la raison invoqué, il y certainement un pied de nez à François Hollande qui, après son élection, l’a rapidement écarté de son cercle et a rapidement abandonné l’idée d’une grande réforme fiscale que Piketty suggérait, bien qu’il l’ait promis au cours de sa campagne électorale. De plus, alors que les travaux académiques de Piketty sont considérés dans de très nombreux pays dont les Etats-Unis et l’Angleterre où il est lu, reçu et écouté, rien du côté de l’Elysée. C’est presque un inconnu en France, tout du moins dans les hautes sphères de l’état. Alors, juste retour des choses ? Oui. Pour moi Thomas Piketty par son attitude montre qu’il est intellectuellement honnête et fidèle à ses idées et à ses engagements.

Je considère qu’aujourd’hui la légion d’honneur n’a plus de sens. Hélas, les français s’en sont désintéressés depuis bien longtemps. Mais il ne faut pas supprimer cette distinction. Au contraire, il faut lui redonner ses lettres de noblesses et en faire un symbole fort, ce que Napoléon avait en tête. Il faut d’abord reconsidérer les critères d’attribution : service rendu à la France, oeuvre exceptionnelle, engagement sans faille, conduite exemplaire par exemple. Ensuite il faut modifier le processus de sélection et d’attribution pour éviter le copinage et les dérives malsaines. Il faut créer un comité ad hoc composé en majorité de personnes de la société civile et prévoir une procédure de renouvellement rapide de ses membres. Enfin il faut limiter le nombre des gradés. La promotion du 1er janvier 2015 compte 691 personnes décorées, de quoi s’y perdre et dévaluer la portée du titre.

Je profite de ce billet pour faire une parenthèse. Dans la promotion 2015, on trouve l’économiste Jean Tirole, fondateur de l’Ecole d’Economie de Toulouse. En octobre dernier, Jean Tirole s’est vu décerner par la fondation Nobel le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Il ne s’agit pas formellement d’un véritable prix Nobel car le prix Nobel d’économie n’existe pas. Seuls cinq prix Nobel sont officiellement attribués : en Physique, Chimie, Littérature, Médecine et pour la Paix. Cela n’enlève naturellement rien à la grande valeurs des recherches de Jean Tirole.
De même, il n’y a pas de prix Nobel en Mathématique. On remet à la place tous les quatre ans les Médailles Fields.

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