Que reste-t-il de la révolution portée il y a un an par les jeunes égyptiennes et égyptiens ? Des miettes. Le peuple vient d’élire à sa tête Mohamed Mori, un islamiste. Les Frères musulmans prennent ainsi une revanche, eux qui avaient toujours été écartés du pouvoir. Dans le camp d’en face, se trouvaient les militaires, anciens collaborateurs d’Hosni Moubarak. Choix quasi impossible pour ceux qui se sont battus sans arme au printemps de l’année 2011 (et sans l’aide des islamistes restés à l’abri en attendant de voir dans quelle direction le vent allait tourner, opportunistes).
Je ne peux qu’imaginer leur déception, et aujourd’hui leur interrogation, pour ne pas dire leur peur. Un peu partout à travers le monde on parle d’un moment historique. La démocratie s’installe en Egypte. On applaudit. On félicite.Je n’en fait rien. Je reste prudent. Pour tout dire je ne crois pas au discours et aux beaux mots du nouveau président. L’idéal des Frères Musulmans n’a pas changé en un jour. Je vois donc des nuages arrivés, et sans doute demain la tempête. La jeunesse de ce pays doit donc continuer son combat et tout faire pour que l’obscurantisme ne l’emporte pas à la fin. Et nous devons les aider. Car rien n’est perdu, la démocratie et la justice peuvent encore triompher maintenant que les islamistes vont être confrontés à la difficile réalité des faits dans un pays pauvre qui s’enfonce un peu plus dans la crise chaque jour.