Le cinéma français

Le cinéma français devrait être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme l’est la gastronomie française. Car il s’agit bien là d’une particularité du septième art. La France privilégie le jeu d’acteur, l’image, le beau, la réflexion et l’intellect au divertissement et à l’intertainment à l’américaine. Pour le plus grand plaisir du spectateur. Uniquement. L’investisseur lui fait grise mine. Pour que ce cinéma si particulier, unique même, subsiste, il faut l’aider en subventionnant les créations. Regardez l’Italie qui n’a pas choisi cette voie ; son cinéma n’a pas survécu.
Que l’état intervienne dans le 7ème art avec des deniers publics ne choque personne. C’est la France après tout. Mais peut-être faudrait-il dire « ne choquait personne » pour être plus juste. Car depuis la, désormais célèbre, tribune du producteur Vincent Maraval dans le journal Le Monde publiée le 28 décembre dernier, les choses pourraient changer. Maraval dénonce – c’est une première dans ce milieu fermé – un système archaïque qui protège les acteurs et les surpaye. Naturellement, ces derniers, le millionnaire Dany Boon en tête, se sont empressés de contredire le producteur en s’insurgeant contre des attaques injustifiées et surtout infondées.

J’ai lu le texte de Maraval et je vous invite à faire de même. Les chiffres sont peut-être gonflés. D’accord. Mais le système qu’il décrit est affligeant. En deux mots, l’état garantit aux acteurs français un salaire décidé à l’avance – qui peut atteindre plusieurs millions d’euros – quels que soient les résultats du film. Consternant, n’est pas ? Que le ministère de la Culture aide les acteurs, notamment ceux qui débutent, les équipes cinématographiques et la création dans son ensemble, via e.g. le système, avantageux soyons honnêtes, des intermittents du spectacle est un bonne chose pour l’Art et le rayonnement de mon pays. Mais il y a des limites.
Mme Filippetti, il est grand temps de faire du ménage et de revoir un dispositif qui a dérivé dans le temps et qui protège et avantage aujourd’hui une minorité relativement silencieuse de privilégiés, lesquels, tel un Gérard Depardieu qui vieillit mal, osent en plus se soustraire à leurs obligations citoyennes niant de ce fait que leur fortune et leur célébrité viennent en partie de l’effort de citoyens modestes.

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