Archives de catégorie : Propulsion & Espace

Belles et dramatiques images

La NASA a publié récemment des images de l’accident du lanceur Antares prises avec une caméra rapide. Le lanceur de la compagnie Orbital ATK a explosé en vol quelques secondes après son décollage le 28 octobre 2014. Le lanceur transportait un cargo de ravitaillement Cygnus destiné à la station spatiale internationale. Une nouvelle version du lanceur Antares, équipé du moteur russe RD-181, devrait entrer en fonction au printemps prochain.

Certaines des photographies sont visibles sur le site Space News.
Je trouve ces images à la fois magnifiques et dramatiques, terrifiantes. Elles nous font prendre pleinement conscience des dangers associés avec le voyage spatial. Même si la fiabilité des lanceurs, des satellites et des sondes augmente au fil du temps, on est loin du risque zéro. Il faut vraiment une forte dose de courage pour s’embarquer dans l’aventure. Ou peut-être un petit grain de folie.

Post-scriptum
Je suis allé voir le film de science-fiction Seul sur Mars vendredi soir avec un ami. Le film, de Ridley Scott, est inspiré du roman de l’américain Andy Weir intitulé « The Martian » dont je faisais l’éloge sur ce blog le 11 octobre dernier. The Martian raconte aussi une histoire catastrophique, mais la fin est plus heureuse. Le film est bien tourné, avec des très belles images de la planète Mars et il reste fidèle à l’histoire originale. Bien sûr l’impasse est faite sur de nombreux détails et certaines parties importantes manquent, comme la préparation du Rover et le périple de 3200 km vers le cratère Schiaparelli pour rejoindre le MAV. Mais on est au cinéma. Et cela n’enlève rien à l’intérêt du film. Matt Damon est excellent dans le rôle de l’astronaute Mark Watney. Allez voir le film si ce n’est déjà fait (en VO si possible).
Entre parenthèse, c’est un excellent coup de pub pour la NASA et le JPL comme les américains savent si bien le faire.

Mode « sans parois » optimisé

Nous venons de publier dans la revue Applied Physics Letters un article qui synthétise nos travaux sur l’optimisation d’un propulseur de Hall en configuration « sans parois » dont je parlais sur ce blog le 1er juillet dernier. L’article est disponible dans ma liste de publication.
A notre grande surprise  l’article, qui est paru aujourd’hui, a été sélectionné par l’American Institute of Physics comme fait marquant. C’est un grand honneur qui récompense un travail acharné mené avec passion par tous les membres de l’équipe, passés et présents. Le commentaire – assez justement écrit – qui accompagne notre article est disponible sur le site de l’AIP et de Phys.Org entre autres :

Wall-less Hall thruster may power future deep space missions

Les résultats présentés dans notre APL constituent une première étape. Il existe encore des possibilités pour augmenter le rendement d’un propulseur de Hall sans parois et permettre un fonctionnement à forte impulsion spécifique. On y travaille d’arrache-pied et de nouveaux résultats devraient apparaître au cours de l’année 2016.
L’objectif est bien de proposer une alternative crédible à la configuration « Magnetic Shielding » mise au point par nos collègues du JPL tout en diminuant la masse et l’encombrement du propulseur.

Jet Propulsion Laboratory

Photographie prise au JPL en septembre. On y voit le moteur ionique à grilles NEXIS de 70 cm de diamètre développé dans le cadre du programme Prometheus de la NASA. Le propulseur opère entre 15 et 25 kW et délivre une Isp de 7000 s.

Au début du mois de septembre, j’ai passé quelques jours au Jet Propulsion Laboratory (JPL). Le JPL est situé au pied des montagnes Saint-Gabriel à Pasadena en Californie, au nord de Los Angeles. C’est un institut cogéré par la NASA et le California Institute of Technology. Caltech, dont j’ai pu visiter une partie du campus, dont le célèbre Athenaeum, est l’une des Université américaine les plus prestigieuses et qui se place dans le peloton de tête de tous les classement internationaux. A ma grande surprise, le nombre d’étudiant à Caltech est très restreint ; ils sont un peu plus de 2000 actuellement. Le nombre et la taille ne font pas tout, loin de là, contrairement à ce que l’on nous rabâche en France. Mieux vaut miser sur la qualité des enseignements, le confort des étudiants et un haut niveau de recherche.

Mon séjour au JPL, sous une chaleur écrasante, s’est fait dans le cadre d’un séminaire sur le transport électronique turbulent dans les propulseurs de Hall auquel nous avons eu le plaisir et l’honneur d’être invités avec ma collègue Sedina Tsikata. Plusieurs jours de brainstorming dans une atmosphère sérieuse mais détendue. A l’américaine ! J’ai retrouvé à Pasadena plusieurs collègues et amis avec qui se fut un plaisir de travailler sur un sujet parmi les plus complexes en physique des plasmas magnétisés : Y. Raitses, A. Smolyakov, E. Choueiri, R. Hofer, I. Kaganovich, D. Goebel, I. Katz, J. Polk, I. Mikellides, B. Jorns, R. Lobbia, R Spektor… Le séminaire fut riche d’échanges, plein d’idées et fructueux en terme de clarification du problème et de stratégie d’attaque.

Nous avons naturellement eu droit à une visite personnalisée d’une partie du JPL (le site s’étend sur plus de 70 hectares). Nous avons eu le privilège d’accéder à la salle de contrôle des missions scientifiques vers laquelle toutes les données des sondes interplanétaires convergent. Nous avons également vu des modèles à l’échelle 1 des trois rovers martiens ainsi que la capsule (en cours de construction et de tests) qui emportera le prochain rover (lancement prévu pour 2020). Curiosity, qui s’est posé en août 2012 sur Mars, est particulièrement impressionnant ; 900 kg pour 2,9 m de long, 2,7 m de large et 2,2 m en hauteur.
Bien entendu, nous ne pouvions pas quitter les lieux sans être passé par le laboratoire de propulsion électrique du JPL. On a pu voir entre autres le propulseur de Hall XR-5 de Aerojet Rocketdyne en tir, le propulseur H6 (5 kW) dans sa version à écrantage magnétique, un propulseur en configuration MS de 300 W et le moteur ionique à grilles NEXIS de 20 kW. Ce propulseur ionique fut développé au début des années 2000 dans la cadre du projet Prometheus, qui fut stoppé en 2005, dont l’un des objectifs était l’exploration des lunes de Jupiter.

Très agréable semaine. Sur tous les plans. Je suis repartit plein d’énergie et d’idées. Mais avec un peu de frustration aussi. Quant on voit les rovers martiens, NEXIS, les missions en cours et les projets lancés comme le lanceur lourd SLS, Mars 2020 et A.R.M. (Asteroid Redirect Mission), on se demande pourquoi l’Europe, qui a pourtant les compétences et les moyens, n’est pas aussi ambitieuse ?

Mise à poste réussie par PE

Le satellite de télécommunication ABS-3A a atteint l’orbite géostationnaire à la fin du mois d’août. Le satellite Eutelsat 115 West B, plus lourd, est quant à lui parvenu à poste à la fin du mois de septembre. Les deux satellites se sont positionnés avec un mois d’avance sur le calendrier initial.

Ces deux satellites, basés sur la plateforme 702SP de Boeing, sont les deux premiers satellites commerciaux à propulsion entièrement électrique (voir mon article du 4 mars 2015). Les satellites sont équipés de 2 paires de propulseurs ioniques à grilles au xénon XIPS, chacun pouvant délivrer 165 mN de poussée avec une Isp de 3500 s à 4,5 kW.
Ces satellites  » tout électrique  » ont été lancés le 2 mars 2015 par un lanceur Falcon 9 de SpaceX. Ils ont donc mis respectivement 6 et 7 mois pour atteindre leur orbite à 36000 km d’altitude. On constate ici l’inconvénient majeur de la propulsion électrique. Si cette dernière offre un gain en masse importante grâce à la grande vitesse d’éjection de l’ergol (des ions positifs), le temps de mise en orbite est long : plusieurs mois pour parvenir à l’orbite GEO contre une dizaine de jours avec la propulsion chimique. Cet écart très important provient de la différence de poussée : 100 à 400 mN pour l’électrique contre environ 500 N pour le chimique.
Pour diminuer le temps de mise en orbite et ainsi rendre la propulsion électrique plus attractive, il existe deux solutions sur lesquelles les industriels et les laboratoire de recherche travaillent.

  • Il faut augmenter la poussée des propulseurs à plasma. Les propulseurs de Hall sont donc plus avantageux de ce point de vue car leur rapport poussée sur puissance est 3 fois supérieur à celui des propulseurs ioniques à grilles, ces derniers étant limités par le courant de Bohm et la loi de Child-Langmuir. On a donc le choix entre augmenter la taille d’un propulseur ou associer des propulseurs (on parle de cluster de n propulseurs). Dans les deux cas, cela nécessite une puissance électrique disponible plus grande. Il faut donc accroître la surface des panneaux solaires ou bien employer des panneaux ayant un meilleur rendement.
  • L’autre approche consiste à coupler la propulsion électrique avec la propulsion chimique. Un système hybride chimique-électrique représente sans doute un bon compris pour gagner en masse tout en maintenant une durée de transfert raisonnable. Le propulseur chimique serait utilisé dans la première phase du transfert d’orbite et le propulseur électrique pour la phase finale à plus haute altitude.

IEPC 2019

La conférence internationale en propulsion électrique pour les systèmes spatiaux (IEPC, pour International Electric Propulsion Conference) s’est déroulée cette année à Kobe au Japon. Mon équipe y participait car c’est un rendez-vous incontournable pour nous. Nous y avons présenté plusieurs de nos travaux, dont nos derniers résultats concernant le propulseur de Hall sans parois et l’observation du transport électronique turbulent dans un plasma magnétisé. L’IEPC est un événement biennal. Le prochain congrès aura ainsi lieu à Atlanta aux Etats-Unis du 8 au 12 Octobre 2017. Cette 35ème édition est organisée par mon collègue et amis Mitchell Walker qui dirige le High-Power Electric Propulsion Laboratory (HPEPL) du Georgia Institute of Technology.

Avec mes collègues Ane Aanesland (LPP), Olivier Duchemin (Snecma) et Denis Packan (ONERA) nous proposons de prendre en charge l’organisation de la 36ème édition qui se déroulera en 2019. Après une investigation qui a duré tout l’été, nous avons finalement opté pour le palais des congrès de Versailles qui se trouve à deux pas du magnifique château. Deux autres candidatures ont été reçues par l’ERPS (Electrical Rocket Propulsion Society) : une du Brésil et une de l’Autriche. Le vote, réservé aux membres de l’ERPS, est désormais ouvert. L’ensemble des propositions est disponible sur le site de l’ERPS. Dans la notre (Versailles 2019), vous trouverez des informations sur le lieu, le programme prévisionnel, le dîner de gala et les possibles excursions en lien avec la propulsion. Je pense que nous avons un beau projet sérieux et solide, mais la concurrence est rude et le match serré, en particulier avec Vienne. Le résultat du vote sera connu au début du mois d’octobre. Je croise les doigts.

Kennedy Space Center

Photographies prise au Kennedy Space Center en Floride. De haut en bas : la navette Atlantis, les tuyères du premier étage de la fusée Saturn V et le hangar géant où sont assemblés les lanceurs.

J’étais à Orlando en Floride la semaine dernière pour la 51ème édition du congrès Joint Propulsion Conference où j’ai retrouvé avec plaisir plusieurs collègues américains. Cette année le congrès était de qualité un peu inférieure à la moyenne – ce qui a d’ailleurs été largement commenté lors du comité du groupe Propulsion Electrique de l’AIAA dont je suis membre – du fait que le congrès international IEPC dédié à la PE s’est tenu au Japon deux semaines avant. Le délai était trop court ; ce n’est pas une chose à reproduire lors des prochaines éditions.
Nous avons donné, avec mon étudiant Julien Vaudolon, des conférences sur l’optimisation du concept Wall-Less, sur l’optimisation d’un propulseur fonctionnant en krypton et sur les oscillations à haute-fréquence du champ électrique dans un propulseur de Hall. Ces sujets ont été bien accueillis par la communauté et largement commentés.
Je retiens de cette édition principalement quatre travaux sur les moteurs ioniques en anneau qui permettent d’améliorer le rapport poussé sur puissance, les avancés sur la configuration Magnetic Shielding, les études du NASA JPL sur les perturbations du plasma induite par l’introduction d’une sonde électrostatique dans la décharge d’un PH (études complémentaires des notre) et un étude très intéressante par l’Université du Colorado sur la mesure du courant de Hall à l’aide de capteur magnétique externes (résolution d’un problème inverse).

Je ne conseille pas spécialement la Floride en été car le climat y est quasi subtropical : températures élevées (30 à 35 °C), fort degré d’humidité et pluies abondantes. Malgré ça, nous en avons profité pour visiter, avec une météo très clémente,  le Kenedy Space Center de la NASA situé à côté de la base militaire de Cap Canaveral. C’est un lieu magique pour les amateurs et de conquête de l’espace. Il y a entre autres toutes les fusées américaines et bien sûr les mythiques pas de tir situés en bordure de la mer. J’ai revu le lanceur géant Saturn V qui a été utilisé pour les missions Apollo (j’en avais déjà vu un au Johnson Space Center à Houston en 2000) et pour la première fois j’ai pu voir une navette spatiale. Il s’agit de la navette Atlantis, la dernière à avoir volée. Extrêmement impressionnant avec une magnifique mise en scène. Je retournerai au KSC dès que possible car en une journée nous n’avons même pas visité la moitié du site.

 

Equipe PE

Voici un panorama de l’Equipe propulsion Electrique que je dirige au sein du laboratoire ICARE du CNRS à Orléans.
L’équipe PE est une équipe relativement petite qui est aujourd’hui composée de 7 personnes, dont deux chercheurs permanents.
Le document résume de manière synthétique, nos axes de recherche, les moyens d’essais à disposition, la gamme de propulseurs développés au cours des dix dernières années ainsi que l’ensemble des diagnostics que nous avons mis au point et qui font la particularité, et aussi la renommé, de cette équipe.

Optimisation du mode « sans parois »

Optimisation d’un propulseur de Hall « sans parois ». Configuration standard : les lignes de champ magnétique sont perpendiculaires aux parois qu’elles interceptent (gauche). Configuration à écran magnétique : les lignes épousent la géométrie du canal et s’étendent jusqu’à l’anode (milieu). Configuration WL optimisée : les lignes magnétiques sont tangentes à l’anode dont la forme est adaptée (droite).

J’ai présenté dans un article écrit le 19 novembre 2014 le nouveau concept de propulseur de Hall « sans parois » ou Wall-Less (WL) en anglais.
Il s’agit de localiser la décharge plasma d’un propulseur à l’extérieur du canal afin de limiter l’interaction avec les parois diélectriques et ainsi augmenter la durée de vie du système et autoriser un fonctionnement à haute-tension, c’est à dire à haute impulsion spécifique.
Après avoir validé le concept avec le propulseur PPI de 200 W, nous avions réalisé des expériences à l’EPL à l’autonome dernier avec une nouvelle version du propulseur PPS-Flex capable d’opérer jusqu’à 2 kW. Nous avions ainsi montré qu’une modification de la topologie magnétique permettait de diminuer le courant de décharge et d’améliorer le rendement.

Des expériences complémentaires à celles conduites à l’EPL ont été menées à l’ICARE au printemps dans le banc d’essais PIVOINE-2g. Nous avons, avec mon équipe, optimisé à la fois la géométrie de l’anode et la topologie magnétique. Le principe de l’optimisation est résumé sur la figure ci-dessus. L’anode est toujours située au plan de sortie du canal. Sa forme doit-être telle qu’aucune ligne de champ magnétique ne vient intercepter la surface de l’anode. On reconstitue ainsi une barrière magnétique efficace. Lors des essais réalisés avec le PPS-Flex, nous avons mesuré la poussée et de la distribution de courant ionique dans la plume. On a ainsi pu accéder à l’efficacité de conversion de l’ergol (Xe), à la divergence du faisceau d’ions et au rendement propulsif.
Les premiers résultats sont très encourageants. On a atteint un rendement de 35 % pour une puissance inférieur à 1 kW. Cette valeur est proche de celle obtenue avec un PH standard optimisé tel que le SPT100 ou le PPS1350 dans des conditions similaires. Il existe encore des marges d’amélioration sur le design. Un rendement de 50 % à terme nous paraît tout à fait réaliste. Les expériences vont donc se poursuivre avec très certainement la construction d’une troisième version du propulseur PPS-Flex capable de produire flux magnétique plus intense.

Ces travaux vont être prochainement présentés lors de deux grands congrès internationaux : l’IEPC qui se déroulera dans une semaine à Kobe au Japon ainsi qu’à la JPC qui se tiendra à Orlando en Floride à la fin du mois de juillet. J’ai hâte d’avoir le retour et les critiques de la communauté sur nos avancés et l’intérêt d’un PH-WL pour la propulsion des satellites et sondes interplanétaires.

OneWeb

Le contrat a été révélé hier, au premier jour du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.
Airbus Defense and Space a été sélectionné par l’entreprise d’accès à Internet OneWeb pour la fabrication d’une flotte de plus de 900 minisatellites de 150 kg pièce. L’objectif de OneWeb est de fournir un accès à Internet pour tous en couvrant l’ensemble de la planète. La constellation de OneWeb devrait aussi permettre une connexion de qualité et abordable dans les avions de ligne.

C’est une belle victoire pour Airbus D&S mais aussi un véritable challenge. Il va falloir désormais passer à la vitesse supérieure puisque les premiers lancements sont prévus pour 2018. Il s’agit d’industrialiser à grande échelle la fabrication de satellites puisqu’il faudra en produire plusieurs dizaines par mois. C’est sans doute le savoir-faire d’Airbus dans le domaine de la gestion de la production de produits complexes à cadence élevée qui lui a permis de remporter le match face à ses concurrents.

La question qui se pose désormais, et qui intéresse tout particulièrement mon équipe, est de savoir si les satellites de OneWeb seront équipés de propulseurs électriques pour le transfert d’orbite, le maintien à poste, ou la correction de traînée. Si c’était le cas, alors on entrerait là aussi dans une ère nouvelle, à défricher entièrement, de production en masse de propulseurs électriques. Il s’agirait de produire en quelques années des milliers de propulseurs car chaque satellite en emporterait probablement plus d’un.
Quelle technologie ? Cela dépend de ce que l’on envisagerait avec la PE. Les propulseurs de Hall fournissent une poussée relativement élevée mais les moteurs à grilles ont une impulsion spécifique plus grande et donc consomment moins de carburant.
Quelle gamme de puissance ? Probablement entre 100 W et 500 W selon les besoins et la puissance disponible à bord.
La question de l’ergol se pose aussi. On imagine difficilement embarquer du xénon car ce gaz coûte cher et les capacités de production mondiale sont pour l’instant limitées. Quel remplaçant ? La aussi le choix n’est pas trivial. Il y a le krypton bien sûr qui se trouve juste en dessous du xénon dans la classification périodique. Mais l’on peut penser aussi à l’argon, à l’azote voir à l’air. Et il y a le cas intéressant du di-iode.

Beaucoup reste donc à imaginer, à faire, à tester rien que du côté de la PE.
Mais avant de s’emballer, attendons d’en savoir un peu plus sur l’architecture du système propulsif retenu. Les informations vont arriver vite, je n’en doute pas.

Diagnostics laser pour la propulsion électrique

Développer des diagnostics laser pour sonder l’état plasma est l’une des spécificités de mon équipe. C’est aussi la thématique qui a permis à mon équipe de recherche d’avoir une reconnaissance et un fort impact sur le plan international. On peut citer par exemple nos travaux sur la détection des oscillations à haute fréquence des ions dans les décharges en champs électrique et magnétique croisés par spectroscopie de Fluorescence Induite par Laser (LIF en anglais) à comptage de photons et l’étude de la turbulence électronique à faible longueur d’onde dans les plasmas magnétisés par diffusion Thomson cohérente.

Nos travaux se poursuivent avec le développement récent d’une technique de spectroscopie de LIF hétérodyne qui permet d’accéder aux variations temporelles de la fonction de distribution en vitesse de molécules, d’atomes ou d’ions. Nous travaillons actuellement avec ma collègues Sedina Tsikata à la mise au point d’un banc optique de diffusion Thomson incohérente à haute résolution qui, nous l’espérons, nous permettra d’observer de manière non intrusive la fonction de distribution en énergie des électrons dans un propulseur de Hall. C’est un vieux rêve que j’ai en tête depuis plus de dix ans. Mais les obstacles à surmonter sont nombreux et à ce jour rien n’est encore gagné. C’est un travail qui devrait s’étendre sur plusieurs années.

Afin de donner à mes lecteurs une vision plus globale et plus précise des techniques de diagnostics laser pour la propulsion spatiale électrique, je mets à leur disposition les planches utilisées comme support pour la conférence que j’ai donné au mois de novembre dernier au Muséeum d’histoire naturelle de Bruxelles lors du séminaire européen EPIC : Diagnostics LASER
EPIC (Electric Propulsion Innovation & Competitiveness) est un projet du programme cadre de recherche Horizon 2020 de l’Union Européenne qui a pour objectif de proposer une feuille de route pour la propulsion électrique du futur. Les planches donnent un aperçu des outils disponibles dans mon équipe à l’ICARE et présentent des exemples de travaux et de résultats. La conclusion est orientée vers les besoins en terme de développement de nouveaux diagnostics optiques pour ma communauté avec pour objectifs i) l’amélioration du niveau de résolution et ii) l’accès à de nouvelles grandeurs physiques.