Archives de catégorie : Réflexions

Jizô

Mon premier Jizô – Création à base d’argile.

Il existe de très nombreuses premières fois, premières expériences. En voici une autre pour moi : première sculpture. J’aurai attendu d’avoir cinquante ans. J’aurais du le faire plus tôt.
Finalement, j’ai vraiment aimé manipuler cette matière, en l’occurrence de l’argile, et me concentrer sur les formes, sur les détails. Voilà le résultat après trois heures de travail intense dans le calme et la sérénité. C’est un jizô, sculpture japonaise représentant un moine au visage de poupon qui inspire la bienveillance et la sérénité. C’est un protecteur des enfants et des voyageurs mais aussi des âmes égarées. Ma sculpture n’est pas encore achevée. Elle doit encore sécher et dans trois semaines je pourrai gommer les imperfections et la peindre. Ensuite elle trônera fièrement dans notre maison.
Un très joli moment partagé. Un grand merci à l’atelier LudoTerre à Villers sur Mer et à Caroline. Merci aussi à mon ami Gaël sans qui cette découverte n’aurait jamais eu lieu.

74ème CAI

Le 74ème Congrès International en Astronautique (International Astronautical Congress) se déroule cette semaine à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan au bord de la mer Caspienne : IAC 2023. C’est un congrès réputé qui se déroule tous les ans et qui réunit les acteurs, petits et grands, du domaine spatial. On y présente les dernières avancées, les travaux en cours, l’état du domaine et les perspectives et feuilles de route.
J’ai pourtant décidé de pas participer à cette édition. A tort ou à raison. Le lieu est certes attrayant, mais je pense que l’on doit clairement séparer les activités spatiales et le champ de la politique internationale lorsque le contexte est instable et trouble. Nous, les acteurs, devons rester neutres autant que possible.

Ecole d’été en PE

Logo de l’Ecole d’été européenne en Propulsion Electrique.

Les mois ont défilé et je n’ai pas réussi à trouver un instant pour écrire quelques lignes sur ce blog. J’ai consacré la majeure partie de mon temps à ma famille, mes amis, mes recherches, mon équipe, mon labo et diverses activités dont la lecture, la visite de lieux, la sieste. Presque quatre mois se sont écoulés depuis mon dernier billet. Il est grand temps de se remettre à l’ouvrage.

Je viens de créer avec Thomas Trottenberg de l’Université de Kiel en Allemagne et mes collègues K. Dannenmayer et Eduard Bosch de l’ESA la première Ecole d’été européenne en Propulsion Electrique. Elle se déroulera au Centre européen de technologie spatiale de l’Agence Spatiale Européenne à Noordwijk aux Pays-Bas en octobre prochain. J’ai hâte d’y être. L’idée nous ait venu avec Thomas lors d’une discussion au petit-déjeuner alors que nous étions invité à l’Ecole d’été en Physique des Plasmas à Bad Honnef l’hiver dernier.
Un tel événement manquait dans notre domaine qui a connu une croissance explosive au cours de la dernière décennie avec l’émergence d’une grande variété de technologies et de concepts, de nouvelles missions et la création de nombreuses entreprises. L’objectif de cette école, qui se déroulera sur trois jours, est de fournir une vue d’ensemble du domaine de la PE en couvrant les aspects fondamentaux, les technologies, les diagnostics, la simulation et les missions. C’est une opportunité unique pour les doctorants, les jeunes chercheurs et ingénieurs d’apprendre, de rencontrer des acteurs et de débattre des avancées et des perspectives.
Le programme de l’Ecole et la liste des orateurs sont disponibles sur le site web : First European Summer School in Electric Propulsion for spacecraft.

Lectures récentes

Comme je l’écrivais récemment, j’ai été très pris par une multitude de tâches et d’événement ces derniers temps, sans arrêter mes travaux de recherche, mais j’ai tout de même (comment faire sans ?) pris du temps pour lire, m’évader, réfléchir. Voilà les ouvrages variés que j’ai lu au cours des dernières semaines.

  • La constance du prédateur de M. Chattam,
  • Encabanée de G. Filtreau-Chiba,
  • Par la force des arbres d’E. Cortes,
  • Respire de N. Tackian,
  • Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé de F. Beigbeder,
  • Au commencement était la guerre d’A. Bauer.
  • Le monde sans fin de J.-M. Jancovici et C. Blain

J’ai aimé La constance du prédateur, comme tous les romans de MC. Je me suis amusé et évadé avec Respire. Je me suis en partie retrouvé dans le dernier livre de FB. C’est normal, vu mon âge et ma génération. J’ai progressé dans ma connaissance du monde avec le livre d’AB ; j’ai pris peur aussi. J’en recommande vivement la lecture pour mieux comprendre notre histoire, ancienne et récente, et ce que nous réserve sans doute le futur. Quant à l’ouvrage de JMJ, que dire ? Comment l’humanité fonce dans un mur à grande vitesse en le sachant mais sans freiner expliqué clairement et simplement avec de belles illustrations. On a froid ans le dos une fois les pages refermées car on sait que rien ne se passera avec la collision. Et ensuite il sera trop tard…

Je lis actuellement deux ouvrages sur l’apprentissage automatique et l’IA ainsi que le livre de T. Hertog, cosmologiste reconnu, élève, collaborateur et ami de Stephen Hawking, intitulé L’Origine du Temps.

Temps mort

Je n’ai pas été très actif sur ce blog depuis plusieurs semaines. Il y a avait pourtant de nombreux sujets à commenter et à débattre comme la réforme des retraites en France, la guerre en Ukraine, les faillites boursières aux Etats-Unis, les procès de l’ancien président Donald Trump, l’IA et bien d’autres. Mais j’ai été très accaparé par la gestion du laboratoire ICARE du CNRS dont j’ai pris la co-direction depuis le 1er janvier de cette année. Je découvre le métier de directeur d’une unité de recherche. Il y a des bons et des mauvais côtés, des moments faciles et d’autres plus difficiles. La tâche reste cependant prenante et fort intéressante d’autant plus que les défis à relever pour l’avenir du laboratoire sont nombreux et complexes (pyramide des âges, développement durable, contexte international, grands enjeux) sachant que l’on ne maîtrise pas tout, loin de là, et que l’on doit composer avec la politique de site, de la Région, du CNRS et celle du Ministère. Un fascinant jeu d’équilibre. Malgré cette nouvelle fonction, je n’ai pas arrêté de faire de la recherche. C’est impossible. J’ai diminué l’allure mais les travaux se poursuivent au sein de ma formidable équipe sur les propulseurs Hall, les moteurs à carburant solide, les nouveaux ergols et l’utilisation de l’apprentissage automatique (machine learning) en propulsion ionique entre autres.
De surcroît je me suis marié au mois d’avril dernier. Une belle et émouvante cérémonie en présence de notre fils Paco et une formidable et inoubliable journée de célébration en famille. Je ne regrette rien après vingt-quatre années d’hésitation.

Dialogue avec ChatGPT à propos de PE

Vous avez tous entendu parler ces derniers jours de ChatGPT, un agent conversationnel basé sur l’IA développé par OpenAI. Difficile de passer à côté du programme qui fait vos devoirs et rédige vos dissertations, rapports, articles et livres (ou presque). Les étudiants sont ravis. Les autres s’interrogent. Le début de la fin ?
J’ai donc voulu me faire une idée des capacités de ChatGPT. Afin de pouvoir juger de façon professionnelle et objective, j’ai choisi de poser à ChatGPT des questions concernant la propulsion électrique pour les satellites, l’un des domaines que je maîtrise le mieux. Notre petite conversation, sous forme de questions-réponses est disponible ici (en anglais) : A chat with ChatGPT about EP.

Le résultat est je dois dire assez bluffant. C’est en effet un niveau au dessus de ce que fait Google aujourd’hui ou Wikipedia. Il y a des répétitions, des imprécisions (notamment sur les familles et technologies il y a confusion et répétition), des simplifications, des oublis mais je n’ai pas trouvé d’erreurs majeures. C’est en somme une introduction d’un niveau correcte qui donne les grandes lignes. Mais on s’arrête là.
Pour en savoir d’avantage, approfondir, il faut (encore, mais pour combien de temps) se plonger dans les articles et les livres. Il faut aussi être critique, donc avoir du recul, donc avoir des connaissances, du savoir.
Une dernière remarque. ChatGPT ne cite pas ses sources. Il n’y a aucune références. Un point faible que le programme devra corriger.
Pour résumer, un outil sans doute puissant à manipuler avec précaution.

Ravage

Je viens de relire ce livre de René Barjavel. Lu lorsque j’étais un adolescent. J’avais gardé en tête une grande catastrophe, la fin de l’électricité, Paris en feu, la vengeance de notre Terre. Mais j’avais oublié le grand voyage, la survie, la reconstruction.

Ce livre a été écrit en 1942. Quelle anticipation remarquable. Le monde que décrit l’auteur avant le cataclysme ressemble fortement à celui dans lequel ma famille vit aujourd’hui. La technologie et l’argent dominent. Notre environnement se détériore rapidement. Les inégalités se creusent. Nos sociétés n’ont jamais été aussi fragiles, aussi prêt du précipice. Saurons-nous éviter l’abominable chute ? Tombera, tombera pas ?

Il faut relire Ravage comme je viens de le faire et remercier Barjavel pour ses mots et ses scènes. Qui aurait envie de vivre ça ? Personne.

Alors changeons tant que nous pouvons encore éviter le pire.

Weekend à San Sebastian

Daho chantait weekend à Rome il y a quarante ans. Il aurait pu choisir San Sebastian en Espagne même si Rome est une ville délicieuse où il fait bon flâner. Je viens de passer trois jours avec des amis dans cette ville du Pays Basque espagnol célèbre entre autres pour les plages pittoresques de la Concha et d’Ondarreta. En plus de se promener sur le bord de mer, nous avons visité la vielle ville et surtout profiter de nuit de ses innombrables bars à pinxtos, tous plus bons les uns que les autres.
Visite de Bilbao samedi et du célèbre musée Guggenheim d’art moderne et contemporain à l’architecture si troublante. J’ai été émerveillé par l’exposition « La Matière du Temps » avec les oeuvres magistrales de l’artiste Richard Serra qui déforment notre rapport à l’espace et au temps. A voir. Retour paisible par les petites routes côtières à profiter de la mer et de la montagne.
Matinée du dimanche passée à Biarritz puis à Anglet où nous avons vu la grotte de la chambre d’Amour après avoir débattu longuement non pas sur la légende qui l’accompagne mais sur sa localisation exacte. Ciel bleu, soleil et surfeurs. Un peu d’évasion. Déjeuner au bord de la plage avec vu sur la mer et la côte en profitant de la magie du lieu et d’une douce chaleur. Pas vraiment envie de renter. Retour vers Paris par le TGV. Quatre heures à refaire le weekend et imaginer le prochain.
Ce fût un weekend EP entre amis, agréable comme tous les autres avec ses moments de partage, de réflexion, d’évasion et de palabres autour de bons vins et de mets délicieux. Il y a vingt ans nous refaisions le monde en imaginant nos vies futures. Mais le temps s’est écoulé. Aujourd’hui je note que l’inquiétude grandie quant à l’avenir de nos sociétés et du monde tel que nous le connaissons. Parce que nos enfants grandissent et s’apprêtent à voler de leur propres ailes ? Parce que la guerre en Europe ? Parce que le climat évolue bien trop vite et que les ressources s’épuisent ? Ou bien simplement parce qu’on vieillit ?

Zombie

Z. Dernière lettre de l’alphabet. Troisième lettre de mon nom. Le signe du justicier masqué Zorro. La lettre peinte sur les véhicules russes lors de l’invasion de l’Ukraine en février dernier.

Z comme Zombie. Le livre de Iegor Gran. Lu d’un trait. Je vous invite à faire de même pour mieux comprendre le comportement des fous de guerre russes et l’aliénation du peuple.

Je suis allé en Russie pour des programmes de recherche communs en propulsion électrique dans les années 2000 à de nombreuses reprises. Plus particulièrement à Moscou. Il y a sur ce blog des textes qui parlent de ces voyages. J’ai aimé cette ville et ses habitants. Mais je me suis toujours méfié de Vladimir Poutine et de ses sbires. Les années écoulées m’ont donné raison. Le clan P, fait d’individus tous plus riches les uns que les autres, ont pillé, et continue de piller, le pays, mentit, triché, et entrainé ce grand pays dans une chute vertigineuse que le peuple paiera pendant de nombreuses décennies.
J’ai retrouvé dans le livre de I. Gran ce que je sais, ce que j’avais ressenti. Pour moi les russes n’ont pas affronté leur passé et restent prisonniers dans une bulle où règne la nostalgie d’un pays qui n’a jamais existé, le mensonge, la haine, la désinformation, la violence, le culte de l’homme fort.

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie, qui, ne l’oublions pas, a en réalité débuté en 2014, a tragiquement basculé le 24 février 2022 lorsque V. Poutine a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Quelle bêtise du côté russe. Quel aveuglement du côté européen. Poutine nous aura au moins réveillé. Je ne crois pas à une fin proche après neuf mois de conflit, contrairement à BHL. Cette guerre va durer. Elle sera longue et douloureuse, mais je ne doute pas une seconde de l’issue. L’Ukraine reprendra les territoires perdus. Le bloc européen se renforcera. La Russie s’effondrera. Les russes paieront les délires de leurs dirigeants mégalomanes une fois de plus.
J’espère qu’un jour, puisse-t-il être proche, ce peuple se réveillera.

Grillage

Petite pause hier après des semaines longues et chargées.
J’ai posé un jour de congés pour faire une randonnée dans la Sologne, non loin d’Orléans, entre Ardon, Mézières-lez-Cléry et Jouy-le-Potier. 31 kilomètres parcourus avec mon fidèle compagnon Elvis au cœur de la forêt, protégé du soleil et de la chaleur. Cette sortie, attendue depuis longtemps, m’a permis de constater à quel point la Nature souffre des fortes chaleurs actuelles et du manque criant de précipitations. Tout est sec. Les plante sont brûlées et les feuilles jaunissent. Dire que cela n’est qu’un début et que dans une ou deux décennies on atteindra sans doute 50°C à l’ombre par moment au centre de la France. J’espère que cet état jugé anormal mais qui deviendra bientôt la norme conduira à notre réveil et à l’action, au changement de comportement et à la lutte contre la dérive climatique. Mais je reste septique, ce n’est sans doute pas suffisant, pas assez douloureux, faiblement impactant malgré les violents incendies (quasiment tous criminels) et le rationnement en eau. Qu’avons-nous retenu de la leçon  » Covid 19  » ?
J’ai eu le temps de réfléchir à tout cela hier, et a bien d’autres choses tout en profitant des paysages, de l’air frais et de la tranquillité des lieux traversés. J’ai (Nous, mais Elvis était moins réceptif) pu aussi admirer de nombreux animaux évoluer dans leur milieu naturel : sangliers et adorables marcassins, biches et jeunes cerfs en troupeau, lièvres et lapins. Quelles belles images ; quels beaux moments intemporels. Hélas, il me faut ternir cette vision idyllique de la campagne solognote. La moitié au moins des animaux observés était parqués dans de vastes, voire très vastes, réserves privées dédiées à la chasse. La Sologne grillagée, et défigurée. Vous avez du en entendre parler. Je ne suis nullement opposé à la chasse, lorsqu’elle a pour but la régulation et la recherche de nourriture. Quel objectif, quel plaisir, si ce n’est malsain, lorsque l’animal n’a aucune change et lorsque les parties de chasse sont synonyme de carnage ? Le divertissement facile ; l’argent. Tout change. Rien ne change.